Les bénéfices des sociétés du CAC s’envolent. Est ce un « bon » signe?

La grande presse économique se réjouit ce matin:  « Les grandes entreprises françaises ont pratiquement retrouvé leur éclatante santé d’avant-crise! » par ci,  « Les bénéfices cumulés des quarante groupes du CAC ont ainsi atteint 82,15 milliards d’euros, en hausse de 83,5% par rapport à 2009! » par là,  «Ces résultats sont bons, même s’ils sont encore inférieurs de plus de 15% à ceux records de 2007» ailleurs… C’est curieux, même si cette information est positive pour les investisseurs, en particulier pour ceux qui auront osé, comme nous leur avions conseillé, se porter sur des FCP « grosses cap françaises ou européennes », nous ne nous joignons pas aux cris de joie et de louanges qui se déversent. Certes, les « 40 vedettes » de la cote parisienne ont enregistré un chiffre d’affaires de 1269,74 milliards d’euros, en hausse de près de 7% par rapport à 2009, mais les secteurs qui ont connu un vrai fort développement sont essentiellement les banques (qui posera un jour la question de la pertinence de distribution de dividendes par des banques qui, si elles n’étaient pas couvertes par les Etats européens n’existeraient déjà plus?) et les compagnies d’assurance  qui compensent une décote exagérée, et le secteur automobile qui, comme chacun sait, produit de moins en moins en France. En fait, ce qui fait à la fois leurs bénéfices et leur valorisation vient de ce que ces entreprises se sont beaucoup restructurées et désendettées depuis le début de la crise. Or cette politique a ses limites. A moment donné, il va falloir investir, sous peine de « mourir en bonne santé ». Et, côté investissements, nos entreprise n’en font pas une priorité, loin de là.

Ainsi, contrairement à mes confrères, je n’évaluerais pas négativement les résultats de Vallourec que je vois comme une solide valeurs 2011 (sur un marché compétitif mais avec de solides atouts). La surprise, c’est le secteur du luxe. Non pas que le développement du marché du luxe dans un contexte de crise soit surprenant (nous connaissons le phénomène depuis la crise de 29 et l’explosion d’un certain nombre de société de cosmétiques…) mais l’ampleur du phénomène est étonnante. Certains analystes prévoient encore une augmentation de la rentabilité du secteur. En tous cas, ce sont 40 milliards d’euros de dividendes que ces entreprises verseront cette année.

Quelques optimistes prévoient une augmentation  de 11% pour 2011. Pour ma part, je ne le sens pas comme cela. A part les secteurs bancaires, toujours soutenus par des Etats qui préfèrent s’endetter au delà de toute prudence plutôt que de se couper un bras (ne pas soutenir par l’interdépendance des Etats comme la Grèce, l’Islande ou l’Irlande équivaudrait à faire s’écrouler quelques belles banques comme Calion..) et le secteur de l’énergie qui va connaître un bond extraordinaire, je crains que ces pronostics ne soient quelque peu hypothéqués par l’envolée du prix des matières premières et du pétrole, qui si elle se poursuivait pourrait peser sur la consommation.  En gros, les entreprises qui appartiendront aux secteurs « incontournables » pourront se permettre d’augmenter leurs prix en fonction de l’évolution des coûts, les autres non. L’augmentation des bénéfices, si elle a lieu, sera moins importante, de mon point de vue, qu’annoncée et, en tous cas, pas homogène.

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