Montebourg en « Mister gadget » de pacotille!!!

Excellent article des Echos qui s’intitule:  « Colbert 2.0. ou la relocalisation pour les ploucs ! »

Partant du principe qu’il a toujours raison et que ceux qui ne sont pas d’accord avec lui sont, selon les cas, de ignares ou des imbéciles, notre « ministre du redressement productif », dans une démarche pédagogique, vient de dépenser quelques millions d’euros afin de mettre en ligne un logiciel pompeusement baptisé « Colbert 2.0 ». Ce logiciel a pour ambition de permettre à ces idiots de chefs d’entreprises qui ne sont même pas capables d’évaluer « que » leur intérêt est de relocaliser leur production d’en avoir la preuve. « C’est vrai, Colbert l’a dit! ».

Outre le plaisir que nous pouvons ressentir de voir les chantres de « la France qui est née en 1789 » faire appel à un ministre (roturier) du Roy de France pour crédibiliser leur démarche, force est de constater que, décidément, nos dirigeants actuels ne sont pas à la hauteur de ces grands prédécesseurs et que si un jour un logiciel porte le nom de Montebourg, il y a plus de chances que ce soit un jeu de casse-boîtes qu’un simulateur de gestion. Parce que les Américains engagent, sous la houlette de leur Président, l’idole des gauches, une campagne de relocalisation, Montebourg se croit obligé de faire de même. Sauf qu’aux USA, le coût du travail est moitié moindre qu’en France, sauf qu’aux USA le coût de l’immobilier a fortement décru (facilitant la mobilité de l’emploi), sauf qu’aux USA Obama s’est lancé dans l’exploitation des gaz de schistes qui a fait baisser le coût de l’énergie… Rien de tout cela dans notre bel hexagone. Alors, est ce que malgré tout cela « Colbert 2.0 » va réussir à vous démontrer que vous êtes stupide et que votre intérêt est de relocaliser votre production?

Je vous laisse lire ce qu’en dit un excellent analyste du quotidien « Les Echos »:

« Colbert 2.0. ou la relocalisation pour les ploucs !« :

ÉCRIT PAR
Tony Bocock – Anglais, habitant en France depuis 25 ans – Consultant en performance entreprises, Maturity Sourcing-

Quiconque connait un peu les problématiques de l’outsourcing sait bien que cela fait quelques années déjà qu’on ne croit plus aux vertus miracles des délocalisations. L’attrait des bas salaires, en effet, s’est révélé n’être souvent qu’un leurre. En 2011, une enquête menée auprès de 70 sociétés américaines ayant recours à l’infogérance montrait que, si un objectif d’économie de 30% des dépenses informatiques avait souvent été fixé au départ, on constatait plutôt dans les faits une économie moyenne de 15% au cours des 18 premiers mois et, à échéance du contrat, un surcoût de 30% par rapport à un service comparable et bien géré en interne.

Pour réussir, l’outsourcing doit viser un gain de productivité, c’est-à-dire un mix où le coût du travail est mis en correspondance avec les compétences et l’efficacité réelles, ainsi qu’avec les investissements nécessaires. Réussir un tel mix n’est rien de simple. C’est d’abord une affaire de maturité.

Sur ces bases, le Président Obama a lancé un programme de « reshoring », fondé par ailleurs sur des éléments nouveaux et déterminants : la baisse du coût du travail, ainsi que des prix de l’énergie et de l’immobilier aux USA ; dans un contexte où les coûts logistiques internationaux se tendent, tandis que ceux de production augmentent dans les pays émergents.

En France, Arnaud Montebourg a voulu lancer un programme similaire. De quels avantages compétitifs nouveaux dispose-t-il pour le faire ? La question est évidemment assez cruciale. Elle semble cependant avoir peu préoccupé la Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services qui, avec l’aide d’excellents experts, vient de mettre sur pied le logiciel Colbert 2. 0. Lancé lundi dernier, il s’agit d’un programme qui doit permettre aux PME d’évaluer l’opportunité d’une relocalisation de leurs activités en France.

Cet outil « concret et opérationnel » doit servir à « construire une prise de conscience » chez les chefs d’entreprises, a estimé Arnaud Montebourg. A travers un questionnaire sur la localisation des achats, des délais de livraison, ou encore sur le taux de produits défectueux, Colbert 2.0 établit un diagnostic qui se veut un véritable assistant dans la prise de décision des chefs d’entreprise. Il propose également un parcours de relocalisation et livre les coordonnées des interlocuteurs de l’Etat qui peuvent les guider dans leurs démarches. On peut donc comprendre qu’avec une telle arme de pointe, les ambitions soient extrêmement fortes : d’ici à 2017, l’objectif fixé par le Ministère du Redressement productif est de voir… 1.000 nouvelles relocalisations ou nouvelles implantations sur le territoire national.

Pour bâtir l’outil, on s’est d’abord attaché à mettre en avant les avantages comparatifs des territoires, en tenant compte des déterminants et des effets des relocalisations, par secteurs d’activité – sachant que selon les chiffres communiqués, on se fonde sur l’exemple de 107 relocalisations. Parmi elles, on a distingué les « relocalisations de retour », marquant l’échec d’un projet de délocalisation, et les « relocalisations de développement compétitif », qui suivent une logique de compétitivité (hors prix) et d’innovation. En somme, sur la base d’une centaine de cas, on s’est demandé ce qui avait motivé leur relocalisation, en excluant les entreprises l’ayant faite faute de mieux.

Cela a permis d’isoler certains avantages à partir desquels on a cartographié les territoires. On a donc érigé comme critères nationaux d’attractivité et de compétitivité, les avantages que sont venues chercher quelques entreprises. On a travaillé exactement comme les agences de promotion des investissements qui ont fleuri dans les pays en développement ces dix dernières années, portées par les organismes de coopération multilatéraux et dont le bilan parait aujourd’hui un peu plus que mitigé. On a raisonné comme si la problématique de l’externalisation relevait d’une simple balance coûts/avantages alors que, dynamique, elle répond d’abord à une question d’accès aux marchés dans le cadre d’une compétition internationale – en quoi, si elles permettent le développement international, les délocalisations ne sont pas forcément un mal pour un pays.

A partir de telles prémisses, il n’est guère surprenant qu’on se retrouve à favoriser surtout les entreprises high tech, innovantes – celles qui ont le moins besoin de se délocaliser et pour lesquelles les aides publiques, en France, sont particulièrement généreuses ! Libération s’est ainsi amusé à tester Colbert 2. 0. d’abord au titre d’une «Centrale du Bois» de 10 salariés, au chiffre d’affaires inférieur à un million d’euros, envisageant un retour au pays, plus précisément en Ardèche. Après avoir répondu aux quarante-huit questions du questionnaire – telles que «Quel niveau de gain de productivité par l’automatisation de votre processus de production serait susceptible de déclencher le rapatriement d’une partie de votre production en France?» – et avoir indiqué que, pour vendre des palettes de bois, le « fabriqué en France » n’était guère un argument commercial, le logiciel a conclu : « le rapatriement de la production en France ne semble pas relever d’un impératif stratégique à court terme » ! Se déclarant ensuite comme l’entreprise MultiContact, spécialisée dans les produits digitaux haut de gamme, recherche et développement à tous les étages, 60 salariés, 8 millions de chiffre d’affaires, partante pour un retour en région parisienne, le logiciel s’est montré bien plus intéressé, affichant, pour emporter la décision, la liste des aides publiques disponibles…

L’appellation « outil concret et opérationnel » pouvait mettre la puce à l’oreille. En France, on l’emploie surtout quant un sujet n’est pas traité au fond et n’aboutit qu’au lancement d’un gadget censé ébahir les ploucs quelques temps. Une réflexion maigrelette, un logiciel baptisé « 2. 0. » pour faire joli et moderne, la communication roborative d’un ministre au creux de l’été et, au total, l’une des grandes puissances économiques mondiales qui, sur un sujet clé, témoigne d’un niveau de réflexion et d’une capacité d’initiative dignes d’une sous-préfecture.

Inquiétant, non?

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3 comments

  • On aurait presque l’impression que les ktos « de droite » ne sont pas plus patriotes que les ktos « de gauche » . Inquiétant , non ? Du moment que Montebourg fait ds le patriotisme économique , je le soutiens , même s’il est « de gauche » . Taper sur Montebourg par principe est petit .

    Question subsidiaire : combien ici roulent en allemande parce que ça fait chic ? Et se réjouissent en secret des difficultés de notre industrie , par haine de nos ouvriers . S’ils se syndiquent à la CGT ,ou à SUD , ce n’est pas par malignité , mais parce qu’on leur a bourré le crâne .

    • Bonjour Necker,

      Je ne crois pas que beaucoup de monde tape sur Montebourg par principe, mais parce qu’il est principalement à côté de la plaque. Vous parlez de patriotisme économique. Que les collectivités ou les services de police (ce qui n’est justement pas le cas) achètent des voitures françaises ou construites en France « par principe », je n’y retrouve rien à redire. Croire que les chefs d’entreprises sont des crétins qui ne sont pas capables d’évaluer quel est le meilleur intérêt pour leur entreprise, ce n’est pas du patriotisme économique, c’est de l’imbécillité. Si Montebourg veut vraiment que les entreprises françaises (ou étrangères, d’ailleurs) produisent en France, il n’a qu’à prendre les mesures qui feront que,naturellement, l’intérêt des entreprises sera de produire en France. Faire pondre un logiciel d’évaluation dont l’intérêt majeur est de ressortit toutes les aides à la relocalisation, c’est , encore une fois ne rien comprendre à l’économie et considérer que l’Etat a à se mêler de la vie des entreprises, ce qui n’est définitivement pas le cas.

      Perso, à prix d’achat équivalent aux allemandes que vous évoquez, je roule en Vel Satis, une des dernières, sortie des usines du Havre. C’est un choix entre autres motivé par ce que vous appelez le patriotisme économique. maintenant, détrompez vous, personne ne se réjouit des difficultés de l’industrie française, si ce n’est, peut être les crétins qui l’ont amenée là où elle est en croyant que tout leur était du et en symbiose avec les autres crétins qui, plutôt que de jouer la modération ou de poser les problèmes ont préféré délocaliser et céder aux revendications en France, assurant d’un côté les marges perdues par l’achat de la paix sociale. Pour mémoire, les ouvriers ne sont pas syndiqués (juste 2 ou 3% d’entre eux) et les gueulard professionnels autoproclamés représentants qui partagent les mêmes restaurants et les mêmes « clubs » que les employeurs ne doivent leur position privilégiée qu’au statut que leur confère la « représentativité » des confédérations syndicales. Ils ne sont représentatifs de rien ni de personne.

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