Mario Draghi joue-t-il à « qui perd gagne »?

« Faites ce que je dis mais pas ce que je fais » semble être la nouvelle devise de Mario Draghi.

Étonnante parade de Mario Draghi qui fait un pas de côté, revient dans l’axe, puis fait un pas de l’autre côté, revient dans l’axe, fait des courbettes à  Jens Weidmann, se croyant dans un salon en train de danser le menuet.

Après sa déclaration semblant reconnaître que les « mesures non conventionnelles, c’est quelque chose qui ne marche pas », il affirme être « prêt à tout » pour sauver l’Euro, puis vient cette superbe courbette « la BCE restera dans le cadre de la mission qui lui est confiée ». Et maintenant?

Et bien ce weekend, selon le quotidien allemand Die Welt de samedi, la B C E aurait permis à la Grèce d’éviter provisoirement la faillite, en…autorisant la Banque centrale grecque à acquérir 7 milliards d’euros de bons du Trésor contre 3 milliards auparavant! Alors là, cette décision vaut son pesant de cacahuètes! Clairement, ce sont quelques 4 milliards d’euros que la BCE devrait donc fournir à la Grèce (via la BCG car les statuts de la BCE lui interdisent de financer les Etats) avant que la troika ne statue sur le sort du pays à propos de la prochaine tranche de 31,3 milliards d’euros du plan d’aide prévue pour le mois de septembre. Or, et c’est là où je voulais en venir, cette décision intervient peu de temps après que la BCE ait elle-même refusé les obligations grecques en garantie des prêts qu’elle consent… Autrement dit, la BCE ne veut plus d’obligations grecques qu’elle juge trop risquées (il est temps!), mais autorise la banque centrale grecque à en acheter pour plus du double de ce à quoi elle avait droit auparavant!

Si ça c’est pas une « mesure non conventionnelle », ça, faudra m’expliquer! Bon, en fait d’explication, il est clair que pour la BCE, les affaires grecques ne sont déjà plus des affaires européennes. Exit la salade grecque, passons au plat de résistance, l’Espagne.

Sur ce terrain, Super Mario essaie de faire croire qu’il ne fait rien pour ne pas énerver plus qu’il ne faut les Teutons, lâchant même un écran de fumée sur l’aléa moral et la nécessité d’obliger les gouvernements à prendre des décisions drastiques concernant leurs déficits budgétaires. En réalité, il serait en train de préparer un (très) gros coup: L’ouverture d’une ligne de crédit illimité au FESF! Oui, vous avez bien lu, l’idée folle qui serait en train de se mettre en place à Francfort serait ni plus ni moins que de confier au FESF l’intégralité du sauvetage de l’Espagne…. Pour cela, une ligne ouverte à la BCE lui serait dédié, histoire de pouvoir assurer (respirez un bon coup, asseyez vous, demandez à votre conjoint de préparer une camomille…) 26 Milliards d’Euros par semaine jusqu’à un total approchant les  1000 Milliards (décidément, ça doit être son chiffre fétiche, à Mario, 1000 Milliards de sabords…) afin « d’éteindre  » l’incendie en rachetant tous les titres espagnols qui se présentent. Plus question d’attendre la décision de la Cour Constitutionnelle allemande, plus question d’engager un débat philosophique sur la licence bancaire du MES. Le scénario Draghi ne nécessite que deux conditions, la demande d’aide de l’Espagne (à laquelle Mariano Rajoy prépare tout doucement son opinion) et l’accord des parlements qui se sont tous toujours montrés très arrangeants (en tous cas plus que les peuples ou les Cours Constitutionnelles). Si le MES se met en place, tant mieux, sinon, c’est le bon vieux FESF dopé à l’ Euro Poches Ouvertes qui fera le travail.

Tout à coup, nos chers « intervenants sur les marchés », les rigolos comme les appelle Olivier Delamarche, se reprennent à penser que si Mario Draghi prépare un tel parachutage, les marchés seront inondés de liquidités, les banques sauvées, l’Espagne aussi… Et hop, revoilà partis nos marchés… avant la prochaine chute. Qui sera lourde, croyez moi. Parce que si ce projet simplement délirant voit le jour, le bilan de la BCE sera tel que nous connaîtrons le plus grand krach de banque centrale de l’histoire, même si, au regard des masses en circulation, la valeur de l’Euro aura bien baissé. D’ailleurs, c’est peut être là que le bât blesse. Laisser filer l’Euro pour sauver son existence, ça semble tout de même contraire à sa mission. Pas sûr qu’il n’y ait quand même pas quelqu’un en Europe pour s’y opposer.

En tous cas si les « marchés remontent », ne les suivez surtout pas, n’oubliez qu’ils ne jouent pas avec leur propre argent et bien souvent ne jouent ils qu’avec de l’argent fictif mis à leur disposition au prix du papier. Vous, lorsque vous placez de l’argent, c’est le résultat de votre travail, de votre intelligence, ou plus exactement c’est ce qu’il reste de votre travail ou de votre intelligence après que avoir payé cotisations, taxes, impôts, plf, isf.. Calculez le temps qu’il vous faudra pour les « re » gagnez si vous les perdez pour avoir imprudemment « joué » sur les marchés en voulant faire le « rigolo »! Je vous le redis, et vous le redirai encore, on ne gère pas son patrimoine en jouant. Votre patrimoine est là pour assurer vos lendemains (et croyez moi vous aurez besoin) et ceux de votre famille.

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