Litige TF1-SFR, ça s’envenime
Le litige TF1-SFR est à suivre avec intérêt, car il préfigure les rapports entre émetteurs et diffuseurs dans les années qui viennent
« A compter du 29 juillet 2017, date d’échéance des contrats, (…) Numericable-SFR n’est plus autorisé à exploiter commercialement MYTF1 et les chaînes en clair du groupe« , indique le groupe, qui constate que Numericable-SFR « poursuit l’exploitation commerciale de ses chaînes sans contrat » et « entend utiliser tous les moyens juridiques à sa disposition pour faire valoir ses droits« . Dernier épisode du litige TF1-SFR.
En conséquence, le service de replay des chaînes du groupe TF1 (HD1, LCI, NT1, TF1, TMC), MYTF1, n’est plus disponible pour les abonnés Numericable-SFR.
En revanche, TF1 n’a pas coupé le signal linéaire de ses chaînes, en raison de l’obligation de » livraison du service antenne aux bailleurs sociaux » à laquelle est soumis SFR. « nous ne voulions pas que SFR ne soit pas dans la capacité d’assumer ses obligations« , indique la direction de TF1.
L’autorisation de diffusion a déjà été prolongée jusqu’au 28 juillet
C’est un nouvel épisode du litige TF1-SFR qui oppose depuis plusieurs mois les opérateurs télécoms à TF1, qui veut obtenir d’eux qu’ils partagent les revenus issus de la diffusion par internet de ses chaînes, qui étaient jusque là fournies gratuitement par le groupe de télévision.
La direction de TF1 rappelle en effet que ces dernières « n’ont pas toujours été disponibles pour les opérateurs »: « c’était le cas en particulier lorsqu’elles étaient en exclusivité sur TPS (un bouquet satellitaire détenu notamment par TF1) et à ce moment-là, personne ne s’était permis de les reprendre sans autorisation« .
« Ce n’est qu’à partir de 2006, dans le cadre de la fusion TPS/CanalSat, qu’elles ont été mises gratuitement à disposition des opérateurs télécoms pour une durée limitée », en l’occurrence jusqu’en 2016. Dans le cas de SFR, l’échéance était fixée au 31 décembre 2016. Les parties avaient ensuite prolongé cette durée jusqu’au 28 juillet, date à laquelle le contrat a atteint son terme.
Les opérateurs télécoms en ajoutant de la publicité à leur diffusion deviennent concurrents des chaînes
Ce litige TF1-SFR s’inscrit dans le cadre de la nouvelle stratégie du groupe TF1, et de son concurrent M6, qui souhaitent que les opérateurs télécoms comme Numericable-SFR, qui distribuent ses chaînes (TF1, TMC, NT1, HD1 et LCI) par le biais de leurs box et applications, augmentent substantiellement les sommes versées pour la diffusion de ces chaînes.
Les chaînes de télévision voient les opérateurs consacrer des sommes toujours plus importantes aux contenus, n’hésitant pas à débourser des sommes significatives pour diffuser certaines chaînes thématiques américaines, ou des compétitions de football, comme SFR. De diffuseurs, les fournisseurs d’accès internet deviennent donc également leurs concurrents.
La direction du groupe a en outre évoqué samedi un « préjudice très important » porté à son modèle, notamment en offrant la possibilité de « zapper » la publicité.
Les négociations ont été rompues en avril dernier
TF1 avait proposé dès mars 2016 une nouvelle offre « TF1 premium », enrichie de nouvelles fonctionnalités, aux fournisseurs d’accès internet, câblo-opérateurs et opérateurs satellites, exigeant en retour une forte hausse de la rémunération de ces services.
Mais SFR a rompu les négociations en avril et saisi le CSA, lui demandant d’arbitrer son différend avec TF1.
Le groupe TF1 indique alors que les discussions se poursuivent avec les autres opérateurs, mais mi-juillet, Orange l’a assigné devant le tribunal de commerce de Paris pour « abus de position dominante ».
Réaction de SFR à ce litige TF1-SFR
SFR a répondu en accusant aujourd’hui samedi le groupe de télévision TF1 de « tentative de prise d’otage de ses clients ».
« SFR a découvert par voie de presse cette inique tentative de prise d’otage de ses clients » et annonce qu’il prendra « dès aujourd’hui toute action judiciaire nécessaire« , informe le groupe de télécoms dans un communiqué.
L’opérateur assure que « rien ne change pour ses clients » et que « le service MyTF1 est disponible via ordinateur, tablette, mobile et en OTT (« over the top », par internet sans passer par les box) sur la télé ».
Dénonçant la détention par TF1 de « plus de 40% de parts de marché de la publicité », SFR estime que le Groupe TF1 « jouit d’une position dominante sur le marché français et qu’il dispose d’une licence de diffusion hertzienne gratuite ».
Cet épisode du litige TF1-SFR et l’épreuve de force entre les grands groupes audiovisuels et les opérateurs n’en sont qu’à leurs débuts…