La justice donne raison à « Colombo »

Celui qui a vu sa carrière brisée pour avoir voulu dénoncer Cahuzac est réhabilité par la justice

Vous souvenez vous de « Colombo »?

Un acharné, un teigneux, ce Rémy Garnier. Un de ces fonctionnaires qui n’ont pas compris qu’ils étaient au ordres d’un Etat tout puissant, maître absolu, qui exerce sa domination sur ses sujets avec encore plus de zèle discrétionnaire que n’en a jamais mis quelque monarchie absolue communément présentée comme « injuste ». Rémy Garnier, c’est un républicain, un démocrate, un rêveur. Il croit aux principes de la « République », vous savez, la liberté individuelle, l’égalité devant la loi, toutes ces choses dont on entend si souvent parler et dont on voit si rarement l’application.

En 2007, ayant déjà passablement usé les nerfs de ses supérieurs, l’inspecteur Garnier est placardisé au bureau d’études et de programmation de la direction du contrôle fiscal du Sud-Ouest, à Agen. Un super poste, spécialement créé pour lui. Les juges administratifs estimeront d’ailleurs qu’« Il n’avait été chargé d’aucune mission spécifique, sa direction ne lui ayant défini aucun axe de recherches auquel il aurait dû se tenir ».

Naturellement, Columbo, plutôt que de bayer aux corneilles, « s’adonne à Adonis ». Vous connaissez Adonis, l’amant d’Aphrodite? Eh bien, ce n’est pas lui. Il s’agit d’une  base de données qui compile l’intégralité des renseignements fiscaux concernant les particuliers.

Mais, pour une fois que les journalistes (après la bagarre, bien sûr..) font leur boulot et interrogent les bonnes personnes, laissons leur la parole. Par la même occasion, dans cette video, vous verrez que l’affaire Cahuzac était connue de tous, du moins dans les services de Bercy, que tous les citoyens ne sont pas égaux devant le contrôle fiscal et que la commission d’enquête parlementaire cherche autant à savoir la vérité que Monsieur Moscovici ne l’a cherchée en questionnant la Suisse…

Vous vous souvenez de « Rubik »?

Alors? Édifiant, n’est ce pas? J’en profite, soit dit en passant, pour régler quelques comptes avec les nombreux (quelques dizaines tout de même) internautes qui, au mieux, ne m’ont pas cru, au pire m’ont insulté, à l’occasion de mon article sur le refus de la France de signer les accords « Rubik ». J’y dénonçais l’imposture qui consistait à se parer de toutes les vertus en « refusant le compromis », alors qu’il ne s’agissait que de protéger les comptes des amis de tout prélèvement… Comme vous l’avez entendu dans la video de la part de quelqu’un qui ne cache ni son nom ni son visage, dans la seule banque dans laquelle il travaillait, il a eu connaissance de plusieurs dizaines de politiques, dont d’anciens et d’actuels ministres, possédant des comptes non déclarés. Signer les accords Rubik, c’était soumettre ces comptes à un prélèvement fiscal. Refuser Rubik, c’était conserver à Bercy tout pouvoir discrétionnaire de poursuivre ou non tel ou tel. Et ce sont les mêmes qui sont en permanence en train de vouloir donner des leçons « d’égalité »!

Rémy Garnier réclame 600.000€

Mais revenons à notre Rémy Garnier. Vous avez compris toutes les vilenies que sa « chère » administration de tutelle lui a fait subir. Vendredi dernier 31 mai 2013, quatre jours après la tenue de l’audience et à l’issue d’un délibéré d’une rare célérité, la cour administrative d’appel de Bordeaux a annulé l’avertissement disciplinaire que lui avait infligé Éric Woerth, le ministre du Budget de l’époque. « J’ai déjà gagné 12 fois », constate Rémy Garnier. L’agent a obtenu en justice l’annulation de toutes les sanctions disciplinaires dont il a fait l’objet, y compris la plus grave, son exclusion du corps pendant un an prononcée en 2004 par le ministre de l’Économie de l’époque, Nicolas Sarkozy.

Aujourd’hui à la retraite, l’ancien inspecteur du fisc n’a rien d’autre à faire qu’à mener le combat judiciaire qui devrait, en bonne logique, victoire après victoire, le conduire à obtenir réparations et dommages et intérêts pour une carrière brisée, une retraite sous-évaluée. Rémy Garnier réclame près de 600 000 euros à l’État. « À peu de chose près, c’est la somme que Jérôme Cahuzac a planquée à Singapour, ironise-t-il. On pourrait peut-être faire un virement de compte à compte. »

Le contribuable français, le dindon de la farce

En tous cas, le dindon final de la farce sera, comme prévu, le contribuable français qui, après avoir renfloué l’Etat des sommes que ses « chers » politiques ont planqué, devra maintenant payer les indemnités versées au contrôleur empêché de contrôler… Sans compter, bien évidemment que tous ceux qui sont à l’origine de ces « bavures » disposeront tous de leurs retraites à taux « plein et débordant » payées par…. laissez moi deviner….

[tell-a-friend id= »1″ title= »Faites suivre »]


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