Une réforme pour rien qui aura réussi à diviser la majorité….

Quitte à arriver à ce résultat, le gouvernement aurait du aller jusqu’au bout de ce qu’il y a à faire en matière de retraites….

Le vote ultra-pénible de l’Assemblée nationale montre combien ce régime est impossible à sauver. Toute réforme est bloquée. Certes l’épisode de ce 15 octobre marque d’abord, si l’on se passionne pour le microcosme politique, un recul évident de la gauche et de l’union entre socialistes et communistes. Non seulement les députés PS se sont retrouvés seuls à voter le projet de loi, mais 17 d’entre eux ont fait défection. Par 270 voix contre 249 le texte est passé en première lecture à l’Assemblée ; rien ne permet de dire avec cette défection des écolos, des radicaux de gauche, des communistes et de la gauche du PS qu’il peut être voté par le Sénat le 28 octobre, ni même dans les navettes conduisant au débat en seconde lecture.

Mais comme ce texte ne change pratiquement rien à la répartition et aux régimes spéciaux privilégiés, sa non-adoption ne changerait pas grand-chose à la situation issue des pauvres « réformes » Raffarin-Fillon de 2003 et 2010.

On doit considérer aussi la très faible mobilisation des syndicats. Ils tonnaient depuis des semaines sur le mode « on va voir ce qu’on va voir ». Et on a vu, effectivement, en guise de « journée nationale de mobilisation » ce que les médiats appellent poliment des « mobilisations surtout symboliques ». Quelques dizaines de bureaucrates syndicaux et de permanents sur toute la France ne représentent pas le peuple.

Toute uen partie de la gauche prétend donc maintenir le « principe de répartition » sans accepter de… répartir.

Les difficultés de cette non-réforme des retraites nous amènent à rappeler ici les conditions dans lesquelles furent institués les mécanismes fondamentaux (1)⇓ de notre système monopoliste, à savoir, spécifiquement pour l’Hexagone :

1° la confusion entre les différentes branches de la sécurité sociale, maladie, vieillesse, famille, accidents du travail.

2° l’existence de deux grands régimes publics : le régime général et les régimes privilégiés ainsi que le statut des fonctionnaires

3° le pilotage par le ministère des Finances et la prétendue « loi de financement » instituée par le plan Juppé en 1996.

La classe politique dans son ensemble feint de croire que les Français adorent ce système et n’en ont jamais voulu d’autre

Or tout cela, ce soi-disant « modèle », qu’on veut à tout prix associer au nom du général De Gaulle et au Conseil national de la résistance n’a jamais été promulgué que par ordonnances et quand le peuple français a été consulté par les gouvernements qui l’ont institué, à savoir

– le gouvernement Juppé en 1996-1997

– et avant lui le gouvernement Gouin en 1946

le corps électoral les a désavoués.

Tout le monde ou presque se souvient de l’impopularité du plan Juppé. Son rejet par l’opinion conduisit à la dissolution et à la défaite de la majorité présidentielle aux élections législatives anticipées de 1997.

Il convient en revanche rappeler ce que fut le gouvernement Gouin de 1946. Il se constitua, tout d’abord, au lendemain de la démission du général De Gaulle en date du 20 janvier 1946 : par conséquent, toute invocation du chef de la France libre pour « couvrir » les mesures prises par ce gouvernement relèvent de l’imposture. Une assemblée constituante avait été élue en octobre 1945. Le parti communiste avait obtenu 26 % contre 23,8 % aux socialistes et 24,9 % aux démocrates chrétiens du MRP considérés comme plus ou moins « gaullistes ». Le PCF se considérait de la sorte comme le premier parti de France. On lut donc successivement dans L’Huma : le 21  et le 22 janvier « De Gaulle démissionne… le parti communiste demande un gouvernement présidé par Maurice Thorez », puis le 23 janvier « Les socialistes refusant un gouvernement biparti à direction communiste notre comité central et nos députés déclarent : choisissons pour former le nouveau gouvernement une personnalité hors parti : Félix Gouin« .

Pendant 3 mois ainsi, jusqu’au vote du projet de constitution ce gouvernement marxiste multiplia les mises en places de mesures supposées sociales, et notamment le plus gros des nationalisations. Les entreprises industrielles furent étatisées par Marcel Paul, ministre communiste de la Production industrielle ; la nationalisation des compagnies d’assurances et des banques d’affaires fut inspirée par Jacques Duclos qu’on ne présente plus  (2)⇓ ; le statut du fermage et du métayage était mis en place sous l’impulsion de Waldeck Rochet ; et la sécurité sociale pour tous par Ambroise Croizat, ministre communiste du Travail, qui allait surtout étendre à des millions de vieux travailleurs le bénéfice du système de retraites « par répartition », institué par la Charte du Travail de 1941, et pour lequel ils n’avaient jamais cotisé.

Quant au statut des fonctionnaires il était présenté par Maurice Thorez ministre de la Fonction publique.

Tout cela était fait dans l’urgence et dans le but de l’emporter lors du réforme constitutionnel.

Or, le référendum du 5 mai 1946 aboutissait à un rejet par le corps électoral 53 % de non, 10 584 000 voix, contre 47 % de oui 9 454 000 voix.

Sans entrer plus loin dans le détail, cet échec devant l’opinion publique n’empêcha pas que le socle de notre système social date de cette époque et qu’on refuse toujours de le remettre en cause.

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