Uber est-il promis au même sort que Yahoo! ?
Uber commet une erreur stratégique majeure, et je suis intimement convaincu que cette société restera dans les mémoires pour le néologisme à l’origine duquel elle se trouve mais que son avenir est soit dans la reprise par une major soit dans le triste destin d’un Yahoo!
Aujourd’hui, à l’occasion de la publication de ses résultats du T2-2019, Uber fait l’objet de bon nombre de commentaires de la part des journalistes « économiques » de la grande presse.
Des commentaires unanimes
Pour tous les « analystes », Uber voit rouge. Le numéro un mondial du VTC a encaissé au deuxième trimestre une perte record de plus de 5 milliards de dollars alors même que sa croissance a nettement ralenti, relançant les doutes sur le modèle économique de l’entreprise. La sanction a été immédiate à la Bourse de New York, le titre a perdu jusqu’à 12% dans les échanges électroniques suivant la clôture. Viennent ensuite les considérations portant sur la rémunération des personnels, les dépenses en communication…
Concernant l’avenir, Uber prévoit d’utiliser l’accalmie relative sur le marché du VTC pour renforcer son service de livraison de repas Uber Eats, positionné, lui, sur un secteur « où la compétition est intense, les investissements importants mais le potentiel incroyable« , a affirmé M. Khosrowshahi. UberEats est une des activités de diversification sur lesquelles mise le groupe mais qui fait face à la concurrence croissante de start-up comme DoorDash. Uber investit également dans les vélos et trottinettes électriques ou les voitures autonomes.
Pas d’accord avec cet unanimisme
Que Uber déçoive les analystes, cela n’a aucune importance. Ceux que la presse économique appelle les « analystes » ne sont que des analystes de courbes financières… et des pitres en matière d’analyse économique et stratégique.
Ubereats est une erreur
Si Uber commet une erreur stratégique actuellement, c’est son investissement dans « ubereats ». Je sais, en disant cela j’apparais comme l’idiot qui dit le contraire de tout le monde. Sauf que l’idiot en question (plus de 40 ans d’expérience en conseil stratégique et marketing derrière lui) sait qu’investir massivement par l’emprunt sur un marché défloré et non stabilisé tant économiquement que réglementairement est un casse-gueule assuré. En quoi consiste le marché de livraison de repas à domicile? A faire pédaler des esclaves noirs ou arabes 12 heures par jour avec un statut « d’indépendants » payés à la course. La grève de Deliveroo qui commence n’est que le début de la fin. Les esclaves vont se révolter et les marges s’écrouler, le marché se réduire aux entreprises ou aux professionnels accompagnés de quelques bobos supérieurs pouvant payer deux fois le prix de leurs sushis bio. Pas de quoi faire exploser les profits d’Uber!
Trop de frilosité sur l’automobile autonome
Par contre, le marché de l’automobile autonome, ça c’est l’élément crucial.
Uber va, dans les dix ans qui viennent, voir disparaître son modèle économique actuel (chauffeurs noirs et arabes qui louent à prix d’or des véhicules pour faire le VTC payé à la course) pour être remplacé par le véhicule autonome. Disponible 24/24, aucun risque d’agression ou d’arnaque, respectueux du code de la route, motorisation électrique, risque d’accident minimisé.
Tout le modèle économique de l’automobile va s’en trouver chamboulé. Les particuliers seront de plus en plus nombreux à ne plus être propriétaires de leur véhicule mais à utiliser les services de véhicules autonomes en fonction de leurs besoins.
Tous les majors sont sur le coup.
Et là, sincèrement, les investissements d’Uber sur le secteur sont pitoyables. Ils disposent d’un réel savoir faire en matière d’interface et de gestion de réservation, mais pas de gestion de parc, pas de pilotage, pas de production.
Uber n’a pas d’avenir
Le combat va opposer des mastodontes et je ne vois pour Uber d’autre issue que de se rallier à un étendard plus puissant pour apporter le petit « know how » qu’il possède.
Les bicyclettes, trottinettes et autres joujoux sont autant de coups dans l’eau donnés désespérément pour maintenir la tête à la surface dans l’espoir de pouvoir agripper la bouée qui pour l’instant ne se présente pas.
Uber sera absorbé ou finira comme Yahoo!, en « cas » dans les écoles de commerce. Ils resteront néanmoins, comme Frigidaire, Polaroïd et quelques autres dans le vocabulaire quotidien à travers cet horrible néologisme d’ « ubérisation »