Minima sociaux: Macron a raison!
Dans un coup de com’ comme il les aime, Macron a balancé que les minima sociaux coûtaient « un pognon dingue » et que les bénéficiaires ne s’en sortent pas. Il a mille fois raison. Voilà pourquoi il urge de mettre en place le Revenu Universel…
«On met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens ne s’en sortent pas», déclare Emmanuel Macron dans une vidéo diffusée sur Twitter par sa directrice de la communication, Sibeth Ndiaye. Ces propos sont tenus alors que des ministres et des députés ont multiplié les déclarations sur l’évolution de certaines prestations sociales. Quelque chose se prépare et nous assistons tranquillement au lancement de quelques ballons sondes.
Macron a raison sur le constat
Il y a dans cette vidéo des moments gênants pour celui qui cherche à se faire passer pour Jupiter.
Croire benoîtement que « l’éducation » serait une voie ou un moyen permettant de remettre les personnes engluées dans les minima sociaux sur le chemin du travail nous fait irrésistiblement penser à quelque chose du genre « ils n’ont plus de pain? qu’ils mangent de la brioche!« .
C’est une attitude stupide de quelqu’un qui croit que parce qu’il a fait des études tout le monde peut en faire et qu’il suffit de faire des études pour ne pas être au chômage… Qu’il regarde ses stats avant d’ânonner des banalités que nous aimerions tant voir disparaître de la sempiternelle langue de bois politique.
Par contre, sur le fond, sur le constat de ce que coûtent les minima sociaux, il a parfaitement raison.
Pourquoi le système ne fonctionne pas et ne peut pas fonctionner?
La logique allocative
La logique allocative, que nous connaissons bien en France puisqu’elle y sévit depuis 1945, en particulier à travers les minima sociaux, est une réponse imaginée par des hommes politiques de gauche ou issus de mouvements proches des catholiques de gauche, pour permettre à la collectivité de satisfaire à l’impérieux devoir d’aide à la détresse des individus.
Son principe de base consiste à définir des « droits ». Pour se faire, le système allocatif identifie a priori un certain nombre de « besoins » considérés comme vitaux et pour lesquels il accorde un montant forfaitaire d’aide. Il crée ainsi une aide par besoin identifié et validé.
La logique allocative procède par « ouverture de droits ». Cela veut dire que si vous répondez aux critères définis, vous avez droit aux aides, aux minima sociaux, indépendamment du fait que vous en ayez « réellement » besoin ou non. Il s’agit dans l’esprit de ses concepteurs d’une organisation qui ne laisse aucune place au jugement personnel ou individuel de la personne en charge de l’octroi ou du refus de l’aide publique. Les droits sont ouverts sur des éléments « objectifs » et « d’égalité » face à ces droits est ainsi assurée.
Le cumul des allocations
L’esprit humain est toujours confronté à la multiplication des possibles.
Régulièrement, la société se trouve interpellée par de nouvelles situations de détresse auxquelles elle se fait un devoir de répondre par…. une nouvelle allocation ou de nouveaux minima sociaux. Ainsi, d’année en année, se construit une sorte de jungle, de forêt d’allocations et de prestations. Bien malin est celui qui aujourd’hui est capable d’établir la liste exhaustive des allocations et aides en tous genres existant dans notre pays.
Entre les « prestations sociales » (sommes sonnantes et trébuchantes qui sont versées par les CAF, Pôle Emploi, les services sociaux municipaux, les caisses d’assurance maladie, les caisses d’assurance vieillesse, les Conseils généraux, l’Éducation Nationale…), les « prestations des services sociaux » qui financent des accès à des prestations (« pass navigo » gratuit sur Paris par exemple…) et les « prestations fiscales » (dérogations aux prélèvements fiscaux ou sociaux , prime pour l’emploi, quotient familial, crédit d’impôt pour garde d’enfant de moins de 6 ans, incitations à souscrire des contrats de complémentaires santé, mais aussi exonérations de cotisations sociales et exemptions de prélèvements sociaux ….), ce sont plus de 700Md€ qui sont investis dans l’aide sociale.
Cette anarchie kafkaïenne a été décrite par un député socialiste en 2016, (Christophe Sirugue dont vous pouvez trouver le résumé du rapport en annexe). Il a établi qu’il existait 10 minima sociaux différents touchant plus de quatre millions de personnes.
Une nébuleuse d’allocations, de statuts, un coût s’élevant à plus de 700Mds, (chiffre qui n’intègre pas les prestations liées au chômage), tout cela pour quel résultat ?
La paupérisation
Concentrons-nous sur ceux qu’une politique dite « de solidarité » nationale est censée viser et aider, les plus pauvres, les accidentés de la vie, les victimes collatérales des prises de décision politiques (je vise ici tous ceux qui ont perdu leur emploi non pour des raisons de marché ou d’évolution technologique mais parce que des choix politiques ont conduit à la désindustrialisation de la France et que désindustrialisation a fait disparaître pour eux toute chance de trouver un emploi à faible valeur ajoutée), tous ceux dont la doxa nous dit qu’ils sont visés par le minima sociaux.
- Le nombre de SDF en France a augmenté de 50% en dix ans
- Le nombre de procédures pour loyers impayés a augmenté de 26% en quatre ans.
- Le nombre de personnes consacrant plus de 36% de leurs revenus au seul loyer a augmenté de 42% en six ans.
La situation du logement s’aggrave pour les plus pauvres malgré le système allocatif.
- Une personne sur deux a renoncé en 2016 à des soins dentaires à cause du prix (moins de 20% en 2000) et ce, malgré les complémentaires, les tarifs conventionnés et les mesures totalitaires diverses.
- Une enquête menée par la sécurité sociale sur 29 000 assurés en 2017 a fait ressortir que 20% des personnes interrogées avaient renoncé à des consultations (en particulier de spécialistes) pour des raisons de coût.
La situation de la santé des plus pauvres se dégrade malgré (ou à cause de?) l’étatisation à marche forcée du secteur et la multiplication des assistances allocatives en tous genres.
- Le nombre de bénéficiaires du RSA dit « socle » (c’est à dire qui n’ont pas d’autres revenus) a augmenté de 27% en 6 ans.
Pourquoi 700Mds€ dépensés tous les ans n’enrayent pas la paupérisation ?
Pourquoi pléthore de minima sociaux n’enraye pas la paupérisation?
Le non-travail comme condition d’attribution
Toutes les allocations citées ci-dessus, tous les minima sociaux, sont accordés sous condition de non-revenu. Soit intégralement en cas de non-revenu total, soit défalqués en cas de revenu « partiel », c’est-à- dire n’atteignant pas le montant de l’allocation.
Prenons un exemple simple. Une personne seule élevant un enfant (je fais exprès de ne pas prendre un exemple « extrême », mais un cas de figure en deçà du cas de figure médian (deux enfants)). Vous trouverez le détail des calculs pour 8 hypothèses (personne seule, couple, 1 ou 2 ou 3 enfants) en annexe.
Le système allocatif lui assure (sous réserve de quelques ressources que je n’aurais identifiées ou qui n’interviendraient qu’à la marge) un RSA, une allocation logement, une prime de Noël, une prime de rentrée, la CMU-C pour elle et son enfant, une bourse, une aide pour la cantine, le pass navigo gratuit pour elle et son enfant, un chèque énergie, un abonnement Orange minoré. Soit un revenu net global mensualisé d’environ 1489€ auquel il convient d’ajouter un certain nombre d’accès gratuits à des services (musées, piscines, bibliothèques…), des coûts minorés sur d’autres services publics (le « pompon » étant probablement le tarif des crèches qui est minoré pour les allocataires alors qu’ils ne travaillent pas…) l’accès à l’aide juridictionnelle, l’accès aux services des associations caritatives (banques de nourriture, vestiaires, assistances…).
Nous sommes, vous en conviendrez, aux alentours d’un niveau de vie correspondant à un revenu net d’environ 1550€. Un revenu net de 1550€ correspond à un salaire de 2012€ brut, soit, à 80€ près, le salaire moyen d’un employé français.
Si demain notre allocataire trouve un emploi à mi-temps lui permettant à la fois de gagner de l’argent et à la fois de s’occuper de son enfant, combien peut-il espérer gagner ? Entre 600 et 800 € nets ? Ces montants seront défalqués (à hauteur de 68%) de son RSA. Ils imputeront les montants des bourses, du chèque énergie, de son quotient familial. Gain net ? Entre 150 et 190€ ! Quel intérêt a-t-il à accepter cet emploi à mi-temps ? Aucun.
Entre un niveau de vie à 1550€ sans travailler et un niveau de vie à 1550€ en travaillant, que choisireriez vous, vous-même ? Regardez le tableau en annexe. Une personne seule avec trois enfants a, sans travailler, un niveau de vie correspondant à un revenu de 2500€ net (3246,75€ brut). Vous en voyez passer beaucoup des annonces d’emploi à ce niveau de rémunération à destination de personnes dont les qualifications ne permettent pas de prétendre à des postes à forte valeur ajoutée ?
La condition de non-revenu à l’octroi des allocations est une cause majeure de l’enlisement.
Cette condition stupide enferme les allocataires dans leur statut.
Travailler entraîne la perte de tout ou partie des allocations et des minima sociaux. Ils ne vont donc pas travailler, même pour des emplois modestes ou à temps partiel car ils ont plus à perdre (ne serait ce qu’en « qualité de vie » et sans compter les tracasseries administratives et les justificatifs en tous genres qu’il va leur falloir communiquer pour ne pas perdre le peu d’aides auxquelles ils pourraient éventuellement continuer à prétendre) qu’à y gagner.
Cette réalité a pour conséquence qu’un certain nombre de postes ne sont pas pourvus ou par des emplois intérimaires ou sous-traités dont le coût, supérieur à un emploi direct, s’impute sur le prix de vente du bien ou du service. Il y a donc une quantité de plus-value non produite et de services non rendus dont notre économie aurait besoin.
Cette réalité a pour conséquence que les allocataires sont contraints (à quelques centaines d’euros près gagnés de-ci de-là par quelques petits travaux au noir donc non générateurs de cotisations) à une consommation basique fort peu génératrice de valeur ajoutée et très souvent portée sur des produits bas de gamme importés.
Cette réalité, enfin, a pour conséquence sociologique la création d’une nouvelle catégorie sociale, les « cassos » (abréviation de « cas sociaux »), les abonnés aux minima sociaux.
Ah ! Ils en ont poussés des cris d’orfraie nos chers « zélites » le jour où une enseignante a osé raconter que lorsqu’elle a posé la question à ses élèves de leur futur travail, un nombre considérable d’entre eux a répondu « cassos » ! ben oui, il faut de temps en temps se confronter au monde réel, en particulier lorsqu’on a contribué à le façonner.
Il existe aujourd’hui une classe sociale qui n’a d’autre perspective, d’autre avenir que celui de « profiter » du système allocatif.
Que nos politiques, en particulier socialistes, ne viennent pas faire les étonnés et les scandalisés, ils ont voulu cette situation. D’une part cela leur a permis d’acheter la paix sociale lorsqu’ils ont pris la funeste décision de désindustrialiser la France, et d’autre part, cela leur a permis de créer un réservoir de voix captives pour les élections. Entre les gentils qui promettent d’augmenter les allocations et les méchants qui ne conçoivent pas autre chose que de les diminuer pour rééquilibrer les comptes publics, le cœur du « cassos » ne balance pas longtemps.
Bien sûr, le « cassos » génère une économie. Il crée des emplois de fonctionnaires qui vont lui attribuer ses droits et contrôler sa non-activité. Il crée des emplois dans des associations spécialisées pour des « permanents » qui vont faire de leur métier le conseil du « cassos » en optimisation allocative. Mais cette activité ne fait que pomper sur les finances publiques et oblige donc à prélever plus encore sur les plus-values réalisées par le secteur productif. Il y aurait pertinence, d’ailleurs, à intégrer les subventions publiques accordées aux différentes associations intervenant dans le domaine dans le coût général de la protection sociale.
La condition de non-revenu à l’attribution des allocations et minima sociaux est créatrice de pauvreté car elle condamne environ 4 millions de Français à l’alloco-dépendance.
Pourtant, contrairement au discours tenu par un certain nombre de « pères la morale », le fait de travailler n’est pas une valeur morale, c’est un impératif économique.
Cette distinction est capitale. En effet, que veut dire « travailler » ?
Travailler veut dire produire de la plus-value, de la valeur ajoutée. Cela ne veut pas dire « s’occuper ».
Lorsque nos beaux esprits moralisateurs s’attaquent au problème du « travail », ils inventent des « emplois », souvent bidons, rémunérés par l’argent public qui coûtent autant si ce n’est plus que l’allocation dont bénéficierait le récipiendaire s’il restait alloco-dépendant à la CAF.
En fait, celui qui travaille permet à la collectivité de s’enrichir, pas de s’appauvrir.
Celui qui vit uniquement de l’argent public participe à l’appauvrissement collectif.
Celui qui ne vit que de l’argent public a besoin de plusieurs personnes qui travaillent pour permettre à la collectivité de lui payer sa vie.
Quand le nombre de ces personnes « parasites » devient trop important, la collectivité ne peut plus supporter leur assistance intégrale. Elle a alors recours à l’emprunt, reportant sur les générations suivantes le coût des « cassoss » d’aujourd’hui.
Imaginez qu’il n’y ait plus de condition de non-revenu à l’obtention de minima sociaux
Imaginez que demain cette condition de non-revenu soit levée.
Combien de personnes accepteront un emploi à mi-temps qui leur permettra d’augmenter leur revenu de 600 ou 800€ ? La dimension de l’enjeu sera totalement différent. Il existera un réel intérêt à travailler, un réel avantage.
Toute la logique perverse que nous venons d’évoquer s’inverse.
La consommation s’améliore tant quantitativement que qualitativement.
Dans le système actuel qui veut financer la protection sociale par des prélèvements sur la plus-value du travail, de nouveaux cotisants apparaissent.
Le nombre d’irréductibles « cassoss » (il y en aura toujours) va en diminuant.
Le meilleur moyen pour que les minima sociaux et le coût de la protection sociale ne soient plus de l’argent jeté par les fenêtres pour uniquement arroser un réservoir de voix socialistes, c’est de permettre le cumul prestations/travail. Pas seulement le permettre dans les textes, comme cela est théoriquement possible aujourd’hui, mais le permettre dans l’intérêt que l’individu trouvera à travailler en plus de percevoir les aides.
Pour que la protection profite à tous
La possibilité qui serait faite de cumuler prestations sociales, minima sociaux, et travail est incompatible avec la logique allocative. Le seul moyen de mettre cela en place est de remplacer le système allocatif par le Revenu Universel.
Chaque citoyen français perçoit un revenu universel dès sa majorité et jusqu’à sa mort. Ce RU sera calculé sur la base du seuil de pauvreté établi selon les normes de PPA.
Pas de cumul possible entre les différentes allocations qui sont toutes supprimées. Tout ce qui est gagné en travaillant vient en sus.
Suppression de toute l’administration « sociale » qui ne sert qu’à fliquer 4 millions de Français. Le RU universel est accordé de droit avec la citoyenneté, aucune démarche ni dossier ni demande (actuellement 38% des personnes pouvant prétendre au RSA n’en font pas la demande et se trouvent ainsi parmi les personnes les plus démunies).
Ainsi, la pauvreté est éradiquée en France.
Que la collectivité doit elle de plus au citoyen?
Evidemment, quelques beaux esprits viendront larmoyer sur le fait tout le monde touchera le RU et pas seulement « ceux qui en ont besoin ». Mais c’est un mythe. « Ceux qui en ont besoin » ne sont avant tout aujourd’hui que ceux qui « y ont droit », c’est à dire qui rentrent dans les cases, dont la demande est complète, avec tous les papiers idoines, estampillés par le fonctionnaire de service.
Il suffit de s’être un tout petit peu occupé de gens déconnectés du monde pour savoir qu’ils n’ont pas d’avis d’imposition (pourquoi faire une déclaration quand on ne gagne rien ou trois fois rien au black, c’est le meilleur moyen de se faire goaler), qu’ils n’ont pas de titre de domicile dans les règles (hébergé contre services dans un logement qui ne passerait pas cinq minutes à un contrôle d’un fonctionnaire encravaté de la CAF mais qui les satisfait bien..) et plus de relevés de compte depuis que la poste a décidé de les mettre en ligne et que c’est à chacun de les télécharger. Alors ils laissent tomber.
Demain, avec le revenu Universel, ils toucheront sans justificatif, sans demande, et croyez moi ils en seront heureux et…. sortiront des stats de miséreux.
Quand à ceux qui gagnent en travaillant de quoi subvenir à leurs besoin, ils auront toujours la possibilité de mettre le montant de leur RU sur un compte d’épargne de précaution qui leur servira lors du prochain coup dur. Car oui, c’est aussi cela la responsabilisation. Inciter les individus à anticiper. Mettre de l’argent sur un compte d’épargne de précaution, c’est leur permettre, lorsqu’un accident de la vie survient, de ne pas être pris totalement de court.
Et les « riches »??? Vous savez ces riches dont toute la classe politique ne cesse de parler mais que personne ne définit? Eh bien eux, ils auront toujours la possibilité de faire don de leur RU à des œuvres caritatives, ce qu’ils ne manqueront certainement pas de faire car, l’avez vous remarqué, dans les pays où le système de protection sociale ne gaspille pas les deniers publics, les « riches » sont plus nombreux et plus généreux!
Alors oui, Macron a raison sur le constat, oui, les déclarations récentes de ses ministres, notamment sur le regroupement de minima sociaux et l’allègement des frais de gestion semblent prendre la bonne voie…. Encore faut il que celle ci ne soit pas un chemin de traverse nous conduisant à une nouvelle usine à gaz énarchiste, même pompeusement baptisée « Revenu Universel »
One thought on “Minima sociaux: Macron a raison!”
Donc 50,4 millions de français majeurs à 12000€ par an (seuil de pauvreté à 1000€ par mois en gros) ça fait 605Mds d’€ auxquel on ajoute 200 Mds de maladie (sauf si l’on fait payer aux cancéreux le prix de leur traitement) donc 805 Mds au total, on trouve où les 100 Mds manquant?