Logements neufs, la croissance s’essouffle

le marché des logements neufs s'essouffleMême si le marché des logements neufs bénéficie toujours de la réaction post-Duflot, il semble marquer un certain essoufflement

Les mises en chantier de logements neufs et les permis de construire en France, s’ils affichent toujours une forte croissance en rythme annuel, montrent des signes de ralentissement, selon des données publiées aujourd’hui mardi par le gouvernement.

La tendance sur trois mois à fin août est ainsi moins favorable, avec un recul des mises en chantier et une progression limitée des permis de construire par rapport aux trois mois précédents.

Sur les douze mois écoulés à fin juillet, le nombre de logements neufs commencés a progressé de 14,5% à 402.500 unités. Les mises en chantier ont donc légèrement décéléré après la hausse de 15,6% (révisée en hausse de 1,1 point par rapport aux chiffres diffusés fin juin) enregistrée sur les douze mois à fin juin par rapport aux douze mois précédents.

Au plus haut depuis mars 2013 et la catastrophique Duflot

La tendance reste également orientée à la hausse pour les permis de construire : sur un an à fin juillet, le nombre cumulé de logements autorisés augmente de 13,3% en rythme annuel, après la progression de 13,8% (révisée en hausse de 0,6 point par rapport à l’estimation initiale) à fin juin.

Sur les douze mois à fin juillet, le cumul des permis de construire a atteint son plus haut niveau depuis mars 2013, à 482.800 autorisations, contre un total de 480.100 (chiffre revu en hausse de 6.000 unités) sur douze mois à fin juin. Les résultats sur trois mois suggèrent en revanche un essoufflement de la tendance. En données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables, les mises en chantier affichent un recul de 4,8%, sous l’effet d’une baisse de 8,6% dans le collectif que la progression de 1,1% dans l’individuel ne permet pas de compenser.

Sur la même période, les permis de construire connaissent une progression de 2,7%, avec une solide progression dans le collectif (+6,4%) et un recul dans l’individuel (-2,8%).

Malgré une demande en hausse constante, les mises en vente plongent

Une étude publiée conjointement sur les chiffres de la commercialisation de logements neufs au deuxième trimestre suggère que cette tendance au ralentissement va se poursuivre dans les prochains mois.

Au deuxième trimestre, par rapport à la même période en 2016, les réservations à la vente s’inscrivent en baisse de 9,4%, à 30.800 et les mises en ventes plongent de 17,1%, à 31.2170. « Cependant, le second trimestre 2016 avait été particulièrement dynamique et la tendance annuelle reste à la hausse », note le ministère. Au total, sur douze mois les réservations s’inscrivent en hausse de 13% et les mises en vente affichent une hausse de 5,9%.

Des projets gouvernementaux à contresens des besoins

Le gouvernement doit présenter en septembre son plan de « refonte de la politique du logement », qui visera notamment à « provoquer un choc de l’offre » et à améliorer l’efficacité des aides au logement, dans le cadre de ses efforts pour contenir la dépense publique. Le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, a déclaré fin juillet exclure un arrêt brutal du dispositif d’aide à l’investissement locatif dit « Pinel ».

Les fédérations professionnelles du bâtiment et de l’immobilier ont mis en garde l’exécutif, au début de l’été, contre une remise en cause des incitations fiscales ayant contribué à la reprise du secteur amorcée depuis fin 2014, comme le prêt à taux zéro (PTZ, prêt aidé par l’Etat pour faciliter l’accession à la propriété des personnes aux revenus modestes) et le dispositif « Pinel ».

 

Commentaire de Thibault Doidy de Kerguelen

Nous savons que la demande est importante (nous avons un déficit de plus de 1 million de logements en France que nous n’arrivons pas à résorber), que l’Etat n’a pas les moyens de se lancer seul dans une grande politique de construction, que les mesures contraignantes freinent les investisseurs privés qui peuvent éventuellement faire fi des risques à condition de s’y retrouver en amont. Conclusion, une libéralisation complète du marché de l’immobilier aujourd’hui serait une catastrophe car il provoquerait une augmentation en flèche des loyers et accentuerait la crise du logement. La seule voie est donc d’aider les investisseurs privés pendant le laps de temps nécessaire au rééquilibrage de l’offre et de la demande et de libéraliser ensuite. Il s’agit d’une sortie progressive du système étatique.

(avec Reuters)

Source: La Tribune

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