Les Sables-d’Olonne, « ensablée » dans les emprunts toxiques
Voici un exemple concret de l’impact de la nouvelle parité €/FS sur la dette de certaines collectivités;
Où en est la Ville avec ses emprunts toxiques ?
Elle n’en est pas sortie ! Il y a encore presque un quart d’emprunts à risque dans les finances de la Ville. Le détail ? La dette globale s’élève à 47 millions d’euros. Presque la moitié (22 millions) est constituée d’emprunts structurés, c’est-à-dire à taux variables. Quatre, pour un montant de 10,7 millions, sont considérés comme toxiques. Ils atteignent le risque maximal dans la charte « Gissler », utilisée pour les classifier.
Les autres emprunts présentent un risque moins élevé, mais restent à surveiller. Comme beaucoup de collectivités, la commune a signé la plupart de ces contrats, avant la crise financière de 2008. « Aujourd’hui, on ne souhaite pas que ce risque continue de peser sur les Sablais, commente Yvan Kervenka, conseiller municipal délégué aux finances. C’était un engagement de campagne : renégocier dans les deux ou trois ans. »
Quel danger cela représente-t-il ?
« Une épée de Damoclès au-dessus de la tête », ne cache pas Yvan Kervenka. Le plus important concerne 7,3 millions d’euros à rembourser dans les 23 ans, auprès de la Sfil. C’est une nouvelle banque publique, ayant récupéré les contrats les plus dangereux de Dexia.
Le problème ? Un calcul d’intérêt très complexe, lié, en gros, à la différence de cours entre l’euro et le franc suisse. « Cela change du jour au lendemain. Impossible de savoir ce qu’on devra payer dans quelques années. »
Jeudi dernier, le contexte s’est, en plus, subitement emballé : la Suisse a décidé de mettre fin au plancher qui arrimait son franc à l’euro. Son cours s’est envolé ! Sombres menaces…
Les trois autres prêts, dont deux avec la Caisse d’épargne, sont liés au dollar ou à l’indice Libor, pour des sommes allant de 250 000 € à 2,6 millions.
Des prêts ont-ils déjà été renégociés ?
Oui. Au printemps, un premier prêt de 4 millions avec Dexia a été « désensibilisé ».
Comment ? « J’avais un levier, résume Yvan Kervenka. C’était l’emprunt que nous étions autorisés à prendre pour le budget 2014, d’1,8 million. Cela entre dans les discussions. »
Le contrat à risque est passé à taux fixe. 4,70 % d’intérêt : « Ce qui comprend les pénalités que nous avons dû payer. Elles ont tout de même été abaissées de 1,6 à 1,3 million », se satisfait l’élu.
Y a-t-il d’autres contacts avec les banques ?
Pour le prochain budget, rebelote. Un autre prêt est nécessaire, d’1,7 million. « Moins que la moyenne du précédent mandat, rappelle Yvan Kervenka. Nous avons souhaité diminuer l’endettement. »
L’élu compte tenter une nouvelle négociation. « Notre directeur des finances va refaire une « tournée » des banques pour connaître leurs offres », annonce-t-il. Son objectif ? « Réussir, au moins, à scinder en deux le plus gros morceau cette année. Pour tout avoir « soldé » dans deux ans… »
La Ville peut-elle bénéficier d’aides de l’État ?
C’est un autre espoir. Un fonds de soutien national a été créé. Les modalités pratiques ont été publiées mi-novembre, et le délai pour postuler a été repoussé de mars à fin avril. « On a rempli un dossier », indique l’élu.
Les demandes seront étudiées dans les prochains mois par une commission nationale. « Rien ne dit que l’on ne sera retenu. »
L’aide maximale est de 45 % de l’indemnité payée à la banque. En moyenne, elle pourrait tourner autour de 25 %, a indiqué récemment un haut fonctionnaire. « On ne sait pas quelle somme on pourrait percevoir. Dans tous les cas, ce ne serait pas un cadeau mais la compensation d’une perte ! »
Source: www.entreprises.ouest-france.fr