L’Insee casse les rêves de croissance de Bercy

 

Logo_INSEELa croissance annuelle de la France, selon INSEE, sera de 1.1%, soit moins que prévu par Bercy, et 25% de moins que la moyenne de la zone Euro!!!!

Ce matin, l’INSEE a publié sa note de conjoncture et indique ne plus tabler sur une croissance de 1,2 % cette année mais de 1,1 %. Il n’y a pas eu de miracle : l’Insee n’a pas révisé à la hausse ses statistiques du deuxième trimestre. Entre avril et juin, l’activité a bel et bien stagné.
Lors de la présentation du projet de loi de finances 2016 mercredi, Michel Sapin, toujours prompt à croire aux miracles, avait indiqué attendre avec impatience les dernières prévisions de l’Insee. Le ministre des Finances devait sans doute espérer que l’Institut confirme ses dernières estimations. Le voilà revenu sur terre.

Comme d’habitude, comme tous les ans, les prévisions du gouvernement sont démenties

Après avoir intégré la stagnation de l’activité au deuxième trimestre, les économistes de l’Institut abaissent de 0,1 point leurs prévisions et ne visent plus qu’une croissance annuelle de 1,1 % cette année. Soit 0,1 point de plus que l’objectif fixé par le gouvernement et sur lequel repose la construction de loi de finances 2015. Le miracle ne s’est pas produit : l’Insee n’a pas révisé à la hausse ses statistiques du deuxième trimestre.

Le verre à moitié plein

Les optimistes vous diront que cette correction n’est pas une catastrophe, car, après avoir enregistré une progression de seulement 0,2 % du PIB en 2014, une augmentation de 1,1 % témoigne d’une reprise de l’activité. Certes, mais…

Le verre à moitié vide

Outre qu’une performance inférieure aux estimations qui ont prévalu à l’établissement du budget va de facto accroître un appel à l’emprunt et donc la dette globale de la France qui devient chaque jour de plus en plus importante et difficile à gérer, il faut bien rappeler, même si cela en défrise certains ou si d’autres essaient de le faire oublier, que notre pays est sous surveillance de Bruxelles. L’an passé, le gouvernement français avait argué de la nécessité de créer un déficit supérieur aux engagements que notre pays avait pris afin de provoquer une relance.

Or, 1.1%, c’est 0.4% de moins que la moyenne de la zone Euro (dans laquelle se trouve le résultat de la France). Le non respect des engagements de contrôle du déficit n’a donc pas, mais pas du tout, prouvé son effet sur une quelconque relance. Dès lors, Bruxelles est parfaitement en droit d’exiger une parfaite orthodoxie budgétaire pour l’an prochain. Le round de négociations se présente mal.

Analyse des résultats

Une analyse un petit peu plus fine des résultats font ressortir quelques éléments intéressants.

La consommation des ménages est repartie

D’abord, la demande intérieure reste l’unique moteur de la croissance. Grâce à la baisse des prix du pétrole, qui réduit la facture énergétique des ménages, la consommation accélère cette année, affichant une progression de 1,6 % après avoir augmenté de 0,6 % l’année dernière. Les ménages ne se contentent pas d’améliorer leur épargne, ils consomment.

Les dépense des administrations augmentent

L’intégration dans le PIB des dépenses publiques avec une consolidation discutable entraîne de facto le taux dit « de croissance ». Or, malgré tous les beaux discours sur la nécessaire rigueur et la gestion au sous près des deniers publics, cette pseudo croissance est stimulée par les dépenses des administrations publiques. Leurs dépenses collectives augmentent de 1,5 % cette année. En 2014, elles n’avaient progressé que de 0,8 %.

Pas de reprise de l’investissement

L’aspect artificiel de la croissance française serait admissible s’il avait l’alibi d’entraîner derrière lui une reprise de fond de notre économie. Or, ce n’est pas du tout, mais pas du tout le cas!

Malgré la béquille du (CICE), dont le taux est passé de 4 % à 6 %, et du plan en faveur de l’investissement lancé en avril par le Premier ministre, les chefs d’entreprises ne « sentent » pas une réelle reprise en France et ne veulent pas investir dans des infrastructures qui alourdiront leur fonctionnement pour, au mieux, dormir en attendant que le coût de la main d’oeuvre devienne raisonnable, au pire, planteront leur boîte parce que le marché ne sera pas solvable. Du coup, les entreprises ne réalisent pas les investissements qui les rendront compétitives demain, repoussant d’autant la vraie reprise, ce qui fait que la progression de l’investissement sera seulement de 1,5 % cette année, soit 0,5 point de moins que l’année dernière!!

Ce manque de confiance dans l’avenir, cet manque de perspectives se ressent aussi dans l’investissement des ménages qui, dans l’immobilier, recule de 4,5 % après avoir chuté de 5,3 % en 2014. Cette situation, essentiellement due à la gestion déplorable de ce secteur par l’ancien ministre, laisse le secteur de la construction et du bâtiment dans le marasme, avec ses conséquences en termes d’emplois, de consommation, de rentrées fiscales.

Des résultats du commerce extérieur en trompe l’oeil

Nous savons depuis longtemps que F. Hollande croit aux cycles de Kondratiev et qu’il suffit d’attendre pour voir l’économie repartir…. Comme s’il s’agissait d’un phénomène divin. Comme tous ceux qui s’en remettent aux autres, il doit lire dans les résultats du commerce extérieur la confirmation à sa croyance. En effet, la chute du prix du pétrole et la dépréciation de l’euro face au dollar produisent leurs effets….. au niveau statistique, puisque le commerce extérieur contribue positivement à la croissance, de 0,1 point.

Bien évidemment, cela ne contribue en rien à une relance de l’activité internationale de notre économie (puisque tous nos partenaires en bénéficient aussi), ne permet pas d’améliorer la situation de l’emploi ou de l’investissement et nous rend encore un petit plus dépendant du cours du dollar qui, s’il cédait du terrain face à l’euro entraînerait une remontée des cours du brut….

Source: www.latribune.fr

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