Les très mauvais signaux du déficit commercial de la France

Le déficit du commerce extérieur français a reculé de 6 milliards d’euros en 2013. Pourtant, cela demeure un mauvaise nouvelle…

En apparence, un recul du déficit commercial est une bonne nouvelle. Pourtant, cela ne nous réjouit pas. Certains diront que nous sommes des défaitistes, de permanents râleurs, des « French Bashing », version européenne des « déclinistes »… Allez, je vous prends à témoins!

D’accord, le déficit commercial français recule de 6 milliards d’euros à 61,2 milliards en 2013, soit un repli de près de 9% sur un an, et de 17% par rapport à 2011, mais:

Nos importations baissent plus vite que nos exportations

Lorsque nous regardons de près les chiffres, nous voyons que les exportations de biens ont fléchi de 1,3% en valeur, et que les importations se sont repliées de 2,3%!

La baisse du déficit est donc essentiellement due à la baisse en valeur de nos importations.

Une pierre dans le jardin de ceux qui rêvent de revenir à une monnaie nationale, cette baisse est due, pour moitié, à la baisse du coût de notre approvisionnement en énergie. Cette baisse du coût de notre approvisionnement en énergie est une conséquence directe de la forte appréciation de l’euro face au dollar. Ceci étant, notre facture énergétique représente toujours 83% du déficit total sur l’année, et ce n’est pas la politique obscurantiste et idéologique menée par notre gouvernement sous le diktat des « Verts » qui risque d’améliorer les choses.

Quant au reste de la baisse des importations, il est dû à la faiblesse de la demande intérieure au cours d’une année qui n’a connu que 0,2% de croissance. Le pire, c’est que si la demande de consommation grand public a un petit peu baissée, c’est essentiellement, conséquence du ralentissement, les importations des professionnels qui a le plus souffert (en données relatives).

Les exportations se concentrent de plus en plus

Les secteurs de l’économie qui sont dynamiques le sont de plus en plus, ce qui fragilise en réalité notre capacité d’exportation. Des pans entiers de notre économie disparaissent de l’export.

Avec une progression de 3,3% de ses exportations, le secteur agroalimentaire consolide son excédent à 11,5 milliards d’euros. En attendant la mise en place de l’éco taxe, bien sûr, dont il sera la principale victime et qui permettra d’en ralentir l’efficacité.

Les exportations chimiques (pharmaceutiques et parfums) atteignent un niveau record, grâce à une croissance de 2,5% par rapport à 2012.

Et bien sûr, l’aéronautique, qui conserve son statut de premier excédent commercial sectoriel avec 22 milliards d’euros, dépassant de près de 2 milliards d’euros celui enregistré l’année dernière. Merci à l’année record d’Airbus. Simplement, nous savons tous que les arbres ne grimpent pas au ciel et qu’il ne faut pas compter sur des années records à répétition. De même, nous savons que la part de production d’Airbus en France va diminuant chaque année, de plus en plus de production et de montage se faisant en d’autres pays, y compris en Chine.

C’est bien simple, à part ces trois (ou quatre si vous subdivisez la chimie) secteurs, tous les autres sont dans le rouge!!!!

Soldes des principaux secteurs économiques. Source: Douanes, Trésor Public. Les montants sont exprimés en milliards d'€.

Et l’Allemagne dans  tout cela?

Comparés à ceux de l’Allemagne, les chiffres du commerce extérieur français sont ridicules.

L’excédent commercial allemand enregistre en 2013 son plus haut niveau jamais atteint depuis que cette statistique est compilée, en 1950, pour atteindre 198,9 milliards d’euros contre 189,8 milliards en 2012.

Pourtant, force est de constater que l’Allemagne dispose de la même monnaie que la France. Force est de constater que sur presque tous les secteurs, l’Allemagne vend des produits plus chers que les produits français (l’illustration en est flagrante dans l’automobile).

On se console comme on peut

 Le ministère du Commerce extérieur, dans sa communication des chiffres, tient à souligner que la France est le 4e exportateur mondial de services. Les exportations ont progressé de 3,4% en 2013, et leur excédent, qui progresse continuellement depuis 2006, devrait s’établir autour de 33 milliards d’euros. Oui, c’est toujours le même discours depuis des années 80. Sauf qu’aujourd’hui nous voyons les services partir en délocalisation comme la production de biens, nous voyons une part de plus en plus importante de la population ne pas être adaptée à la production de services et une part de services augmenter encore plus vite dans les importations que dans les exportations, alors…..

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