Sécurité Sociale, que va-t-elle devenir?

ne plus payer ses cotisations sécurité socialeSi le candidat Fillon a été vivement attaqué sur la sécurité sociale, nous n’en entendons pas parler concernant Macron, Pourtant…..

Le gouvernement Philippe présente un paradoxe majeur. D’un côté, le programme d’Emmanuel Macron ne manque pas d’ambitions sur la sécurité sociale: fiscalisation des recettes, réforme systémique des retraites, remise en cause du paritarisme de gestion. D’un autre côté, la sécurité sociale est la grande absente du gouvernement. La ministre de la Santé est une médecin qui semble peu experte du sujet, et tout laisse à penser que la direction de la sécurité sociale sera rattachée au ministère du Budget tenu par Gérald Darmanin, qui n’y connaît pas plus…

Quelques pistes permettent de mieux comprendre ce paradoxe…

Vers une étatisation de fait de la sécurité sociale

L’information est passée à peu près inaperçue, mais elle est pourtant essentielle pour comprendre la suite des événements en matière de protection sociale: quand Emmanuel Macron a choisi Édouard Philippe comme Premier Ministre, il a voulu lui imposer Nicolas Revel comme directeur de cabinet. Revel est bien connu des initiés: il est directeur général de la caisse nationale d’assurance maladie. À ce titre, il est l’homme-clé du budget des remboursements santé en France, l’homme qui négocie avec les syndicats de médecins les objectifs de dépense, l’homme qui est supposé maîtriser la variable la plus fluctuante du budget de la sécurité sociale.

Sur les conseils d’Alain Juppé, Édouard Philippe a refusé qu’un homme du président gère son cabinet. Il a préféré un camarade de promotion de l’ENA, Benoît Ribadeau-Dumas, conseiller d’État passé dans le privé (Zodiac Aerospace, ce qui, pour le coup, est un vrai « passage », très différent des postes de lobbyistes comme celui que le Premier Ministre a occupé chez Areva).

De ce fait, la position de Nicolas Revel est devenue un peu bâtarde. Tout le monde sait désormais qu’il est susceptible de quitter son poste. Dans l’hypothèse où il ne le quitterait pas, le message serait clair: le budget de la sécurité sociale se négocie au sein même de l’assurance-maladie. Un maintien en fonction affermirait donc le pouvoir de la technostructure étatique sur la sécurité sociale. Il correspondrait à une étatisation de fait du site, à son absorption dans l’administration.

On voit mal en effet comment une médecin peu impliquée jusqu’ici dans la logique financière de cette machine complexe qu’est la sécurité sociale pourrait « faire le poids » face à cette forte personnalité qu’est Nicolas Revel, rôdé à l’exercice et investi, de notoriété publique, de la confiance du Président. Selon toute vraisemblance, l’ère qui s’ouvre est donc celle de la prise de possession assumée de la sécurité sociale par l’énarchie.

Le pilotage effectif de la réforme des retraites

Parallèlement, Emmanuel Macron a annoncé une réforme systémique des retraites. C’est un sujet compliqué, technique, mais aussi sensible et très politique. Pour le coup, la ministre de la Santé paraît sur ce sujet complètement hors course. Le plus vraisemblable est donc que la réforme soit pilotée par la direction de la sécurité sociale, dont on pressent qu’elle sera rattachée au ministère des Comptes Publics.

On vérifiera dans les semaines à venir si Thomas Fatome, actuellement directeur de la sécurité sociale, est maintenu ou non en poste. Il avait été nommé par la droite (après avoir dirigé le cabinet de Laurent Wauquiez) et maintenu en poste par la gauche. L’intéressé peut donc paraître ancien sur le poste, mais, jusqu’ici, il n’a jamais remis en cause le credo énarchique habituel sur la sécurité sociale.

Là encore, face au poids de la technostructure, on a du mal à imaginer que Gérald Darmanin fasse le poids. Le nouveau ministre devra se consacrer cet été aux arbitrages compliqués de la loi de finances 2018. La charge que représente ce cycle budgétaire laisse peu de place aux autres dossiers.

Tout porte à croire, donc, que la réforme des retraites sera là encore portée par l’Élysée et par l’administration, sans intervention forte des ministres.

La continuité énarchique dans la sécurité sociale

Sur le fond, tout concourt donc à laisser penser qu’une réforme profonde de la sécurité sociale se dessine en creux: celle de l’appropriation de cette machinerie lourde par la technostructure d’État. Rappelons que la sécurité sociale n’a existé que par ordonnances (celles de 45, puis celles d’Alain Juppé, puis celles qui ont créé le RSI en 2005). Emmanuel Macron prépare l’intégration définitive de cet animal bizarre aux services de l’État. Plus que jamais, les assurés y seront minorés.

Source: Jusqu’ici, tout va bien…

4 comments

  • Je me permets de vous écrire au sujet de la campagne des Législatives.

    Qui ignore que l’exercice médical libéral est en péril en France, la consultation récente du CNOM l’a bien montré. Il ne l’est pas ailleurs dans les autres pays, et surtout pas en Allemagne notre partenaire dominant.

    Marié à une allemande ophtalmologiste j’ai bien vu, durant 45 ans, en France où j’exerçais l’urologie, en CHU puis en pratique libérale, à STRASBOURG, tandis que mon épouse exerçait l’ophtalmologie à l’hôpital de KEHL en même temps qu’en libéral et ce qui va si bien en Allemagne et si mal en France.

    E. MACRON ou Agnès BUZYN vont chercher, tout comme Hollande le tenta en son temps, à négocier la gouvernance de la zone euro à côté de Mme Merckel et non contre elle. Il l’a dit et répété de nombreuses fois, lui rendant visite avant même les élections.

    Chacun connaît le succès (sic) qu’a eu, en 2012, François Hollande, à propos du volet budgétaire du pacte de stabilité et de croissance dans la gouvernance de l’Europe. Il a échoué.

    C’est que l’UE gouverne la plupart de nos lois. Nos ministres sont contraints d’en tenir compte. J.C. Juncker n’a pas tardé à nous avertir. Ainsi : «Nous sommes confrontés avec la France à un problème particulier, les Français dépensent trop d’argent et ils dépensent au mauvais endroit». C’est ce qu’il a déclaré à la presse, à Berlin, en allemand et soutenu par les gouvernants allemands au lendemain même de l’élection du centriste à la présidence française.

    Voici sa déclaration traduite de l’allemand et assez peu connue: «Les Français consacrent entre 53 % et 57 % de leur Produit intérieur brut à leurs budgets publics, compte tenu du niveau relativement élevé de la dette cela ne peut pas fonctionner dans la durée», a ajouté Jean-Claude Juncker, qui estime que le futur chef de l’État français ne pourra pas compter à sens unique sur la mansuétude de ses partenaires européens sur ces questions.

    « Il appartient aussi aux Français de faire un geste en direction des autre en faisant les réformes nécessaires a-t-il dit. On peut ainsi supposer que Mme MERCKEL tordra donc le bras à notre Président Macron si ce dernier tente de maintenir notre système de protection sociale.

    Que faut-il en penser en toute simplicité nous médecins en dehors des budgets de nos administrations ?

    Quand on voit que le système d’assurance Maladie de BISMARCK (1882), coûte moins cher que le nôtre (Cotisation par tête d’habitant inférieur de 15 % au nôtre selon l’IFRAP et selon l’institut MORE deux instituts comptables sérieux), quand on voit que leur système d’assurance maladie fonctionne deux fois mieux que le nôtre avec deux fois plus de médecins travaillant deux fois moins, sobres en matière de prescriptions, et qu’il est, de plus, chaque année, bénéficiaire quand le nôtre est de plus en plus déficitaire, quand on voit tout cela on peut se demander s’il ne serait pas plus sage de se laisser tordre le bras et d’adopter la bonne façon des voisins allemands ?

    Je sais bien que les héritiers des concepteurs de 1945 dont M LAROQUE vont refuser ce constat. Mais faut-il les écouter ?

    Je préconise de suivre les allemands qui dirigent le pays et qui vont dans le cadre des accords de MAASTRICHT le système de BISMARCK (1882) en abandonnant le système français de 1945.

    Ne pas essayer une révolution dans ce domaine, c’est perdre son temps.

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