Le pétrole de schiste américain à la peine…
Gaz et pétrole de schiste américains sont en train de pâtir de la baisse des cours
La baisse du cours du pétrole est née de la volonté de l’OPEP de casser les pétrole de schiste américain
Beaucoup on critiqué mon analyse de la crise pétrolière, lorsque je disais qu’il s’agissait en réalité d’une attaque des pays de l’OPEP à l’encontre des USA, menée avec l’accord de la Russie.
Résumons. L’autosuffisance américaine en matière énergétique de l’exploitation des gaz et pétrole de schiste était en passe d’apporter bouleversait tous les grands marchés internationaux. Les marchés de production, de transport, mais aussi les rapports de force. Les USA ne dépendant plus de personne pour ses approvisionnements pétroliers retrouvait une indépendance et une puissance que certains pays du Golfe avaient pris l’habitude de grignoter chaque année un petit peu plus. Il était inévitable dès lors que les rapports entre les USA et les pays producteurs et fournisseurs de pétrole se tendent. Sur bien des points, nous avons vu l’Arabie Saoudite prendre ses distances avec les USA ces deux dernières années.
Mais voilà, rien n’était possible sans la collaboration ou la neutralité du deuxième producteur mondial, la Russie. Poutine, qui, contrairement à l’image que les médias euro-américains font de lui, est très européen et a toujours souhaité raccroché la Russie à l’Europe, ne donnait pas le signal d’un affrontement qui verrait forcément l’Europe prendre le parti des USA.
Là dessus, naît l’affaire ukrainienne. Des putschistes sont entraînés et formés en Pologne par des soldats de l’armée privée américaine payés par l’Allemagne. Le coup d’Etat de Kiev est réussi grâce au ralliement des fascistes ukrainiens ayant reçu, fort à propos quelques subsides de l’étranger. Débiteur de ses soutiens, le nouveau gouvernement prend des mesures discriminatoires et racistes à l’égard de la population russophone d’Ukraine qui représente l’immense majorité des habitants de Crimée et des territoires de l’Est d l’Ukraine. Soulèvement, guerre, arrivée de mercenaires américains en soutien de l’armée ukrainienne, exactions (surtout le fait des fascistes enrôlés dans des unités de l’armée que de militaires eux mêmes), interdiction d’envoyer des moyens humanitaires, fausses accusation portées à propos d’un avion de ligne abattu, sanctions économiques lancées contre la Russie, quasi résolution de guerre prise par le parlement américain à l’égard de la Russie….
Poutine lâche alors sa position de non agression, considérant qu’il est lui même agressé par les USA et donne son accord tacite aux pays de l’OPEP. Le cours du pétrole s’effondre. La Russie peut tenir, elle a zéro dette, son économie est saine. Les accords privilégiés avec les pays européens sont dénoncés, la construction du South Stream est arrêtée et annulée, les accords de fourniture à la Chine sont doublés, la Russie joue définitivement la carte asiatique et abandonne l’Europe à son destin américanolâtre.
L’effondrement du cours du pétrole s’il dure suffisamment et descend suffisamment bas tuera l’industrie américaine du gaz et du pétrole de schiste et permettra aux pays producteurs de reprendre la main sur les échanges mondiaux.
A l’automne dernier, alors que le cours du pétrole commençait à dévisser sérieusement, les producteurs américains d’hydrocarbures étaient montés au créneau pour affirmer leur capacité de résistance. Les mois passant, le baril s’enfonçant de plus en plus, la réalité a fini par les rattraper.
Les acteurs du secteur des gaz et pétrole de schiste se désengagent aux USA
La Baker Hughes, numéro 3 mondial des services pétroliers, vient de se faire racheter par son concurrent Halliburton. La nouvelle entité vient d’annoncer 7 000 suppressions d’emploi dans les 3 mois qui viennent, soit 11,5% de son effectif. Le groupe a déjà supprimé 1 000 emplois en fin d’année dernière et prépare encore de nouvelles coupes sombres dans ses effectifs.
Schlumberger a annoncé 9 000 suppressions d’emploi.
Le PDG de Total, Patrick Pouyanne, a déclaré lors du forum de Davos que le groupe allait réduire ses investissements dans le shale américain de 10% par rapport à 2014.
Outre les emplois, les fermetures de puits commencent. L’Australien BHP Billiton vient ainsi d’annoncer qu’il allait réduire son nombre de puits exploitants gaz ou pétrole de schiste de 26 à 16.
Le secteur parapétrolier souffre très sérieusement et est prêt à tout pour réduire les dépenses. Nous entrons dans une phase très compliquée pour les producteurs américains, et tout particulièrement pour les plus petits d’entre eux.
En théorie, tant que les cours se maintiennent en dessous de 80$, les producteurs devraient fermer leurs puits, entraînant ainsi une baisse de la production et donc, à terme, une remontée des cours. Oui, mais ce raisonnement vaut essentiellement pour les grands groupes, bien financés, qui peuvent se permettre de mettre fin à des projets sans risquer de se retrouver sur la paille.
Les petits producteurs de pétrole de schiste vont crever
Il n’en est pas de même pour les petits producteurs de gaz et pétrole de schiste. Pour un petit exploitant, l’alternative est simple : produire ou mourir. Non seulement il doit produire mais il doit surtout produire beaucoup pour faire face aux remboursements de ses crédits et ne pas risquer de tout perdre dans une faillite. Les producteurs américains de pétrole de schiste sont donc en train de noyer le marché sous leur production. C’est ainsi que, début janvier, la production de pétrole de schiste a atteint un record aux Etats-Unis, à 9,190 millions de barils. Cette attitude est condamnée à court terme. En augmentant ainsi leur production, les petits producteurs contribuent à l’écroulement des cours. Ils n’ont pas les reins aussi solides que les pays producteurs de l’OPEP ou que la Russie. Ils vont donc crever.
La plupart des analystes prédisent une stagnation de la production dès le second semestre 2015 ou bien en début d’année prochaine. Il faudra alors compter les morts du côté des producteurs américains. Et après? Un nouveau cycle apparaîtra, comme toujours en économie.
4 comments