La loi Amazon, preuve par l’absurde de l’inculture économique de nos élus de tous bords…

Tel un mur de papier face à un torrent, nos élus tentent d’endiguer la vague internet avec une nouvelle « loi Royer »

Après un débat digne des plus belles caricatures, avec grandes envolées lyriques, effets de manches et phrases creuses, nos députés ont voté à l’unanimité une loi « anti Amazon ». Cette loi stipule qu’il est impossible de faire bénéficier un client à la fois de la remise « Lang » de 5% et des frais de port gratuits.

Parmi les réactions à cette loi, citons la Fnac qui se retrouve par ricochet impactée par cette loi et qui ne pourra plus, elle non plus, faire bénéficier ses clients de cet avantage. Certains libraires qui > pris le virage numérique et qui se retrouvent ainsi les ailes coupées dans leur élan. D’une manière générale, l’ensemble des économistes soulèvent le côté totalement archaïque de cette loi. En effet, plutôt que de se demander pourquoi un nombre grandissant de librairies ont des difficultés, plutôt que d’inciter les libraires à s’adapter au marché (quitte à envisager des aides aux plus dynamiques), nos élus ont réagi d’une manière qu’ils croient protectionniste alors qu’en fait ils donnent à Amazon un avantage supplémentaire. La force de frappe d’Amazon, sa capacité à mettre ses centres dans n’importe quel pays du monde (à la suite de grèves à répétition en Allemagne, ils s’installent en Pologne pourquoi pas transférer l’activité française en Espagne?), son montage économique défiscalisant font que de toutes manières, Amazon restera compétitif alors que ses concurrents hexagonaux pâtiront de cette loi. 

Cette loi est révélatrice du désarroi de nos politiques face à l’internationalisation des rapports marchands via Internet. Le Financial Time cite Knud le Grand [995-1035] qui disait que le pouvoir politique a ses limites et que nul ne peut commander à la mer de se retirer. En fait, nous nous trouvons en face de la même situation que lors de la loi Royer 1973 qui était censée limiter le développement des grandes surfaces et sauver le petit commerce. Ce qui a sauvé une partie du petit commerce, c’est la franchise, pas la loi Royer. Si de plus en plus de consommateurs se tournent vers Amazon, c’est qu’il y a des raisons. Voici ce qu’écrit notre collaborateur Guillaume Nicoulaud sur son blog:

 

Je ne fréquente plus les librairies parce que je n’y trouve presque jamais les livres que je cherche. J’ai, en permanence, une liste de quatre ou cinq bouquins à acheter et, à chaque fois que j’ai tenté ma chance en librairie, on m’a proposé de les commander. C’est pour cette simple raison que je commande mes livres sur Amazon.

Pourquoi, alors qu’on y trouve un rayon entier du dernier roman à la mode, le choix offert par librairies est-il si pauvre ?

Bien sûr, me direz-vous, le stockage coûte cher. Surtout en ville. Garder un ou deux exemplaires de la Démocratie en Amérique pendant des années pour satisfaire le fan de Tocqueville que je suis, ce n’est a priori pas très rentable.

Sauf, bien sûr, si le libraire vous fait payer ce service. Disposer, à deux pas de chez soi, d’un endroit où vous avez la quasi-certitude de trouver presque n’importe quel bouquin, c’est un service et pas des moindres.

Sauf que voilà, parce que le prix des livres est réglementé en France, c’est interdit.

Les seules structures qui peuvent supporter le coût d’un tel stock, ce sont les vendeurs en ligne : ils font d’énormes volumes et leurs entrepôts sont sans doute perdus en rase-campagne, là où ça ne coûte pas grand-chose.

Pour nos librairies, dès lors qu’elles ne peuvent pas nous facturer le coût du stockage, c’est impossible. Raison pour laquelle vous n’y trouvez plus qu’un rayon entier du dernier roman à la mode.

Sur un plan plus général, et, malheureusement, toujours dans le registre du « n’importe quoi » qui semble être la marque de fabrique de ce gouvernement, notons qu’il y a tout de même incohérence à déplacer le ministre du « redressement productif » à l’inauguration d’un centre Amazon, à subventionner à hauteur de 4500€ la création de chaque emploi dans ce centre pour ensuite jouer les vierges effarouchées et se plaindre du succès de l’entreprise. Le marché du livre n’est extensible, en France, et si les mille emplois subventionnés ne se transforment pas en ventes, ils servent à quoi? Et s’ils vendent, qui peut croire que cela ne se fera pas au détriments d’autres distributeurs?

[tell-a-friend id= »1″ title= »Faites suivre »]



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3 comments

  • Peut-être . Moi aussi , je préfère trop souvent encore commander sur amazone , où je trouve presque toujours le bouquin que je veux , même des plus politiquement incorrects …Seulement voilà , il paraît qu’Amazone soutient LGBT . Ensuite , c’est américain . Cela fait deux raisons essentielles de boycotter cette enseigne . Même si c’est moins commode d’aller commander chez le libraire du coin (s’il y en a encore un !!) , lequel est en général « de gauche » . En plus !! Mais mieux vaut un libraire « de gauche » ,en chair et en os , qui fait vivre 2 ou 3 salariés qu’une grosse boîte étasunienne homophile et destructeur d’emplois . »Politique d’abord « , comme disait l’autre intello de Martigues …

    • Bonjour,

      Je vous suis totalement dans votre raisonnement. Même si le fait qu’ils soient américains ne me gêne pas plus que cela dans la mesure où leurs centres d’expédition sont en France et qu’ils y emploient plusieurs milliers de personnes, leur récent soutien au lobby LGBT m’a, c’est vrai fait réfléchir. Pour ma part, j’ai cherché un prestataire qui héberge ma librairie (il y a une librairie en ligne MVMA), s’occupe de livrer les lecteurs qui commandent et me rétrocède une (modeste env. 5%) commission. A mazon est le seul à avoir développer ce service. Alors, je continue avec eux…
      Comme vous l’avez fait remarquer, tous les livres sont présents, même quelques fois d’anciens non réédités.
      Maintenant concernant les libraires du coin, vous avez raison sur leur gauchophilie. Et lorsque vous dites, politique d’abord, je considère qu’une enseigne, même américaine qui offre un réel et total choix vaut mieux qu’un monopole qui ne présente qu’un choix limité et censuré. Leurs problèmes ne viennent ils pas de là? Libération est tombé en dessous des 100 000 exemplaires, le Nouvel Obs se casse la gueule, le Monde tire le diable par la queue, les librairies de gauche crèvent. Et si, au lieu de faire de la pôlitique, elles faisaient du commerce? Certaines se sont spécialisées dans l’art, la littérature, la poésie, les livres anciens, les livres pour enfants, les livres chrétiens, les livres musulmans, les livres de tourisme, les livres de guerre, les livres scolaires etc etc… Celles que je connais ne roulent pas sur l’or, mais vivent, et même pour quelque unes, embauchent…

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