Réponse à Nathalie Kosciusko-Morizet

NKM NKM (Copier)Nathalie Kosciusko-Morizet a accordé une interview à la Tribune. Petit éclairage sur ses déclarations..

La Tribune: En cette fin de quinquennat, François Hollande dit vouloir réformer jusqu’au bout et l’opposition avance des propositions pour l’après 2017 si elle revient aux affaires. Quel regard portez-vous sur cette situation?

Nathalie Kosciusko-Morizet: La gauche fait des discours, et la droite, des promesses. La bonne nouvelle, c’est que les discours d’une certaine gauche convergent avec les promesses de la droite. C’est nouveau et c’est une situation porteuse d’espérance. Mais il faut de l’action.

Dès le début, NKM donne le ton de ce qui sera son postionnement politique lors de la primaire. Alors que chaque candidat se présentera comme tranchant nettement avec le pouvoir socialiste sortant, NKM se positionnera comme un « pont » capable de concrétiser les convergences (ce mot « convergences » sera dans les mois qui viennent son étendard…) entre la gauche et la droite. Le problème c’est que cela ne correspond en rien aux attentes des électeurs de droite qui rêvent d’une rupture nette. Existe-t-il un électorat sur ce positionnement? Son échec cuisant aux municipales qui auraient du tomber facilement dans l’escarcelle de la droite permet d’en douter. 

Convergences? vous pensez à quoi?

Par exemple sur l’assurance chômage, plusieurs, à gauche, évoquent la nécessité d’une dégressivité des allocations. Je suis pour. Mais la dégressivité automatique ne tient pas compte du fait qu’il y a des secteurs plus difficiles que d’autres pour retrouver du travail. Elle est aveugle. Je propose donc de la mixer avec une dégressivité en fonction du nombre d’offres valables d’emploi refusées, et ce dès la première offre. C’est plus juste et plus efficace.

Et voilà! Nous voici repartis dans des propositions typiques des politiques français, de ces politiques qui n’ont pas d’autre solution à nous proposer pour résoudre un problème que de le complexifier. Imaginez une dégressivité calculée en fonction du secteur d’activité et du nombre d’emploi refusé, sans prise en compte de la nature et de la faisabilité de l’emploi proposé!!! Du grand n’importe quoi. Une proposition qui semble provenir de la même boîte à outils que le compte pénibilité. Du plus d’Etat, du plus de contrôle, du plus d’intervention dans un domaine qui, justement, se porterait beaucoup mieux si l’Etat se mettait en retrait!!! 

Mais en situation de chômage de masse, vous croyez que la dégressivité est vraiment utile?

– La dégressivité seule ne résoudra rien, pas même le déficit de l’assurance chômage. Elle n’a de sens que dans le cadre d’une série de mesures pour la création d’emplois privés. Regardez les statistiques de Standard & Poor’s, dans le secteur privé, entre la mi-2013 et la mi-2015, la France a créé 57.000 emplois,  alors que l’Allemagne en a créé près de 500.000 et l’Espagne 650.000. La France doit réformer son marché du travail. Il faut supprimer toute référence à une durée légale unique du travail en deçà du plafond européen de 48h et laisser les branches ou entreprises négocier leurs propres règles. Il faut aussi développer toutes les nouvelles formes de travail et créer un statut général du travailleur indépendant.

Plusieurs éléments dans cette réponse qui n’ont pas forcément de lien les uns avec les autres. La dégressivité tout d’abord. De deux choses l’une, soit le chômeur perçoit des prestations pour lesquelles il a cotisé et nous sommes dans le cadre de l’assurance et il ne peut y avoir de dégressivité autre que celle souscrite dans le contrat (comme par exemple dans un contrat d’IJ) soit le chômeur bénéficie d’une assistance de solidarité nationale. Auquel cas, il n’y a pas lieu que cette assistance soit différente d’un chômeur à l’autre ni qu’elle prenne fin avant que la situation qui l’a générée soit terminée. Tout autre solution bâtarde n’aura comme effet que de renforcer le pouvoir discrétionnaire d’un corps de fonctionnaires ou d’assimilés. Réformer le marché du travail. Il faut surtout abaisser le niveau de la valeur ajoutée marginale qui est en France la plus élevée du monde! Supprimer la référence à la durée légale du travail. Du grand n’importe quoi. Non pas n’importe quoi sur le plan économique car augmenter la durée du travail ne peut que contribuer à l’abaissement de la valeur ajoutée marginale que j’évoquais, mais n’importe quoi sur le plan politique. Mettre en place une telle mesure alors que les équilibres entre offre et demande sur le marché de l’emploi ne sont pas rétablis entraînera (comme la suppression du SMIC) un rapport de force totalement déséquilibré en faveur des employeurs. La nouvelle durée se trouvera de fait instaurée à 48h. Alors que nos enfants apprennent encore à l’école les « bienfaits » du front populaire qui a (dans la mythologie socialiste) « instauré » les 40h, l’allongement de facto à un niveau ante 1936 revient à agiter un chiffon rouge inutile et à renvoyer bon nombre de français dans les bras d’un syndicalisme politique moribond. Stupide. Toute modification du temps de travail ou du SMIC ne pourra se faire que lorsque le rapport de force entre les employés et les employeurs seront ré-équilibrés. C’est à dire lorsque la machine économique sera relancée, créatrice d’emplois. Ce ne peut donc est un élément de cette relance ais un élément de stabilisation de la situation et de renforcement du dynamisme.

Les politiques ont toujours des idées pour le secteur privé, mais quid de l’État employeur?

La politique passe beaucoup de temps à agiter des mesures pour le secteur privé. On gagnerait à réformer une fois pour toutes, puis cesser d’y toucher, et en revanche s’occuper de donner l’exemple dans la fonction publique ! L’État est le premier employeur, et c’est de notre responsabilité directe. Il faut prendre exemple sur l’Italie et sortir du statut de fonctionnaire généralisé. Je propose de limiter le statut de la fonction publique à quelques fonctions régaliennes, la magistrature par exemple. La plupart des métiers exercés actuellement pourraient très bien relever du droit du travail classique. On pourrait imaginer que tous les fonctionnaires actuels gardent leur statut, mais que dans de nombreux secteurs les nouveaux embauchés soient régis par le droit privé. Expliquez-moi pourquoi, par exemple, un informaticien de maintenance devrait absolument être fonctionnaire ? Le passage sous droit privé aurait plusieurs avantages: cela faciliterait la gestion des corps de l’État qui est un vrai casse-tête, croyez-moi, j’ai été ministre de l’Équipement, l’Environnement, les Transports, le Logement avec plus de 60.000 fonctionnaires à gérer. On pourrait aussi instituer une vraie politique de ressources humaines et les allers/retours public-privé permettraient une respiration. Je sais de quoi je parle, j’ai démissionné de la fonction publique.

Rien à redire, si ce n’est « pourquoi ne pas l’avoir fait lorsque les choses étaient plus simples et la situation pas encore critique? »

Alors on supprime aussi les concours d’accès?

Le concours n’est pas forcément antinomique avec le contrat privé. Mais il faut relativiser le côté démocratique du concours. Avec le chômage de masse, des gens surdiplômés passent des concours de la fonction publique d’un niveau inférieur et barrent ainsi la route à ceux qui postulent à leur vrai niveau.

Que pensez-vous du futur projet de loi sur le travail porté par Myriam El Khomri?

Je trouve qu’il y’a des choses intéressantes. Mais j’attends de voir le texte final pour juger de son ambition. Nous avons été souvent déçus! De ce que l’on sait à ce stade, j’ai deux réserves. Par exemple, sur le referendum d’entreprise. On croit comprendre que son initiative serait réservée aux syndicats minoritaires pour qu’ils puissent faire valider un accord. Moi je veux aussi que l’employeur puisse recourir à ce referendum en cas de blocage syndical sur un projet d’accord. Sur l’idée d’un contrat de travail « à l’espagnol », fixant les causes économiques qui pourraient conduire à rompre le contrat en cas, par exemple, de baisse prolongée du chiffres d’affaires, je suis sceptique car je crains un nid à contentieux. Je préfèrerais qu’on assouplisse les critères de licenciement et, surtout, que l’on négocie au niveau des branches les indemnités de licenciement via l’instauration d’un barème. Je suis également favorable à l’instauration d’un barème pour les indemnités prud’homales.

On ne connaît pas encore précisément le texte, mais craignez- vous que des choses n’y figurent pas?

Oui, j’ai l’impression que l’on a complètement oublié la question des seuils sociaux que la loi Rebsamen n’a pas vraiment réglés. Je veux aussi que l’on mène une réforme sur les syndicats car ils vont avoir davantage de responsabilités si l’on encourage la négociation d’entreprise. Je souhaite supprimer les délégués syndicaux permanents qui sont à temps plein dédiés au syndicalisme dans les entreprises de moins de 500 salariés et je propose de fixer une durée maximale du mandat syndical pour éviter d’avoir des syndicalistes à vie. Mais, surtout, je milite pour le développement du syndicalisme de services. Qu’ils puissent proposer des mutuelles, les services d’un avocat, etc. Cela sera une incitation à se syndiquer et créera une communauté autour du travail.

Bon, alors là, NKM, soit vous n’avez pas lu le rapport Perruchon (vous pouvez nous le demander, nous vous le ferons parvenir gratuitement au format pdf) soit vous êtes totalement inconsciente! Toute gestion (je dis bien « toute ») de services par les syndicats se transforme immédiatement en détournement de fonds et abus de biens sociaux. Les CE, la formation professionnelle, la MNEF, un certain nombre d’organismes mutualistes, de caisses de retraites…. Les mutuelles? C’est de justesse qu’avec la mesure scandaleuse de mutuelle d’entreprise obligatoire on a évité la catastrophe… Dans la première mouture du projet, seuls les organismes « accrédités » (c’est à dire « rançonnés) par les syndicats étaient habilités à souscrire…. Vous croyez sincèrement acheter la paix sociale avec ce genre de mesure? On n’obtient jamais la paix en renforçant son opposant….

Source: www.latribune.fr



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