Même en Allemagne, le monstre communiste bouge encore

Malgré les années de nazisme suivies des années de communisme, il y a encore des Allemands pour voter pour des partis totalitaires….

L’une des difficultés de l’exercice politique européen résulte du décalage des calendriers. Les différents États-Membres de l’Union à 28 sont convenus, tous, de professer la démocratie, tous, de prendre en commun un certain nombre de grandes décisions. Mais ils font voter les citoyens en pagaille. Pis encore : ils ne considèrent pas de la même manière l’échéance électorale qu’on nous présente pour centrale de la vie institutionnelle du Continent : la désignation des eurodéputés.
Et cela change avec les années : ainsi les Français ont-ils élu en mai 2012 le président que le monde leur envie, cependant que les Allemands n’ont renouvelé leur Bundestag qu’en septembre 2013. De la sorte l’élection européenne de l’année 2014 donnera lieu en France à une sorte de vote de confiance, ou plutôt de défiance à l’égard du gouvernement et du chef de l’État. En même temps, on considérera l’épisode comme celui du vote défouloir. On ne se préoccupe guère, à Paris, d’une assemblée dont les débats restent ignorés de l’opinion. Cette élection servira de voiture-balai de la classe politique.

Outre-Rhin, en revanche la formation de gouvernement de grande coalition déporte en partie le débat vers les forces marginales. Ceux de nos cousins germains qui se détournent des deux gros partis associés, plus ou moins aseptisés, opteront pour les forces les plus marquées, écartées du pouvoir. Les unes se situent à droite : or, elles n’accèdent pas au parlement du fait de la barre des 5 %. L’autre siège à gauche, point de vue d’où elle critique de façon radicale le gouvernement. Avec 63 députés il s’agit du troisième parti siégeant au Bundestag : Die Linke. Ce parti a été constitué à partir des survivants impunis du parti communiste est-allemand. Et au fil des ans s’y sont agrégés quelques mécontents de la social-démocratie.

Un mot pour souligner que l’addition du parti libéral FDP et du parti souverainiste AfD représentait 9,3 % des voix en septembre. Or, cette force virtuelle ne cherche pas à s’unir. Leurs états-majors demeurent profondément divisés sur la question de la monnaie européenne. Les déclarations du nouveau chef du FDP Christian Lindner (1)⇓ne laissent à ce sujet aucun doute. La défaite du 22 septembre est considérée comme accidentelle, liée à la fois aux personnalités dirigeantes du parti MM. Rössler et Westerwelle et à la poussée historique de l’allié CDU-CSU, tiré par la personnalité de la chancelière. La perspective de reconquête des 0,3 % qui ont manqué en 2013 ne paraît pas insurmontable. Idem chez les souverainistes de l’AfD. Ils pensent, eux aussi, profiter du vote défouloir. À ce détail près, que la crise de l’euro s’est, au moins provisoirement, calmée.

C’est donc bien à l’autre bout du spectre politique allemand que se jouera la partie décisive.

En mai 2012, alors au printemps de son ascension en Grèce, Alexis Tsipras faisait, entre deux baisemains à Michelle Obama, un déplacement à Paris chez son « ami » Mélenchon, et surtout à Berlin. Le 22 mai il développait son propre programme en 6 points dans la capitale allemande. Il était exhibé aux côtés du Néerlandais Tiny Kox, président du groupe de la « gauche unitaire européenne » et de Klaus Ernst ancien socialiste rallié à Die Linke pour s’être opposé aux programmes de réformes Agenda 2010 de Gerhard Schröder. Le processus était lancé sur toute l’Europe.

Tsipras, rassembleur dans son pays de tous les groupes gauchistes, maoïstes, trotskistes, etc. va servir en mai 2014 de tête d’affiche. Et le drame serait qu’il dépasse en nombre de voix, à l’occasion de ce scrutin, la droite locale, rendant intenable la situation du gouvernement, créant une nouvelle crise, etc.

Or, le personnage central du dispositif se révélait en la personne de Gregor Gysi.

Gysi avait été désigné comme dernier président du parti est-allemand en décembre 1989. Il apparut ainsi au moment de l’effondrement du régime communiste, et à la suite de la démission d’Egon Krenz. Il prétendait alors construire une nouvelle forme de socialisme.

Par la suite, plusieurs procédures, et notamment une commission d’enquête du Bundestag en 1998, établirent qu’il avait collaboré avec la Stasi sous le nom de code de Notar, ayant reçu à ce titre une rémunération, etc. Mais, pas plus que d’autres dirigeants de l’extrême gauche allemande, aucune de ces polémiques accablantes n’aboutirent à l’écarter de la vie politique ni même à le priver de son siège parlementaire.

Il y 20 ans en dépit de quelques manifestations sur le thème « Berlin reste rouge »“Berlin bleibt rot” les premiers scores du parti semblaient présager d’une mort certaine : 2,4 % des voix aux premières élections de l’Allemagne unifiée.

Au plan régional, les scores demeurent très contrastés. Ils restent inexistants dans des Länder tels que la Bavière, le Bade-Wurtemberg ou le Schleswig-Holstein, autour de 2 %. Les chiffres significatifs  se réalisent en Sarre (2)⇓ avec 16,1 % et, surtout dans les Länder de l’est: Brandebourg 27,2 % Saxe-Anhalt 23,7 % Saxe 20,6 % Thuringe Mecklembourg 18,4 % ; dans le Land réunifié de Berlin il atteint tout de même encore 11,6 % en 2011.

Au plan national Die Linke avait atteint une pique de 11,9 % en 2009, au plus fort de la crise. Puis il a relativement reculé en 2013, passant à 8,6 % soit quatre fois son score initial. Le parti conserve 64 sièges sur les 630 du parlement.

En janvier Gregor Gyzi infléchira encore la plateforme de Die Linke dans un sens plus néo-communiste encore, à l’échelle de l’Europe.

Les élections européennes lui ont offert l’occasion d’une progression constante. En 1994 : 4,7 %, 1999 : 5,8 %, 2004 : 6,1 % 2009 : 7,5%.

Les anciens de Berlin-est, correctement nettoyés, ripolinés, restaurés, se relèvent ainsi lentement, presque sûrement, effaçant les souvenirs compromettants, jouant sur la simple pusillanimité de leurs adversaires conformistes et sur la naïveté de leurs partenaires.

Au printemps prochain, les revenants impunis de l’Allemagne de l’est entendent encore redresser la tête. Ils se serviront du gauchiste grec Tsipras comme tête d’affiche, avec Gregor Gysi comme tête pensante.

  1.  publiées dans Die Welt le 4 janvier 2014.
  2.  Le petit Land de Sarre était l’ancien fief d’Oskar Lafontaine qui se rallia au parti est-allemand pour constituer « Die Linke » selon la recette bien connue du pâté d’alouette composé désormais d’un cheval est-allemand et d’une alouette sarroise.

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4 comments

  • Il n’y avait pas que du mauvais dans le communisme. Tout aurait fonctionné pour le mieux si Staline et Hitler avaient su maintenir leur alliance : le fameux pacte de non agression germano-soviétique. Cela nous aurait préservé, nous les vrais Européens, de cette infecte pollution mentale, culturelle, génétique et sociale que représente l’américanisation de la société.

    Staline se méfiait d’ailleurs des juifs et des francs-maçons qu’il ne connaissait que trop bien. La démocratie est une vue de l’esprit, une illusion. Derrière nos régimes de démocratie virtuelle se cache une tyrannie bien réelle, celle-là : la tyrannie de l’argent, autrement dit, la ploutocratie. La caste dominante est la caste des marchands (ceux qui savent amadouer la femme allaitante), autrement dit, la caste des escrocs. La banque étant le sommet de la clique.

    Ce qui gêne l’alliance féconde des rouges et des bruns, c’est simplement ce concept fluctuant et fuligineux de gauche et de droite. Une idée française d’ailleurs. Les Français ont le génie de prouver que ce qui existe n’existe pas et que ce qui n’existe pas existe. Ils adorent les idées fausses qui ont l’apparence d’être vraies.

  • … ah, bon? Totalitaire….

    Il y a bien des français pour voter UMP et PS alors qu’un president ET une assemblée a ratifié un traité déja rejeté par referendum…

    Il y a bien des français pour voter UMP et PS alors que les deux presidents consecutifs, et malgré la promesse du dernier des deux, on signé un traité soumettant le budget de la nation a une entité administrative (non elue) etrangère

    Et la liste est longue. Je ne soutiens pas le communisme , mais j’ai horreur des raccourcis tendencieux.

    • Le totalitarisme des uns ne justifie pas, du moins à mes yeux, le totalitarisme des autres.
      Hélios, vous confondez totalitarisme et dictature. Le totalitarisme, c’est lorsque le pouvoir politique se mêle de gérer la TOTALITE de la vie des individus.
      Vous êtes pardonné car notre régime actuel est totalitaire, puisqu’il prétend gérer la manière dont vous devez concevoir et élever vos enfants, la manière dont vous devez penser en interdisant certaines opinions, la manière dont vous devez manger, vous divertir, baiser, vous soigner, croire, lire, vous exprimer etc etc…

      Je fais la différence entre une démocratie pervertie (par une idéologie totalitaire car le socialisme, vous en conviendrez, est source de toutes les idéologies totalitaires matérialistes facisme (né dans l’esprit de l’ancien premier secrétaire du PS italien), nazisme (national socialisme pour se démarquer de son frère de sang le socialisme internationaliste du komintern) et le pire de tous, celui dont les victimes se comptent par centaines de millions, le communisme) qui, si elle bride les libertés ne tue pas et ne provoque pas de génocides (à l’exception notable du génocide vendéen) et les idéologies totalitaires (matérialistes comme celles citées plus haut ou théocratiques comme l’islam) qui tuent et génocident au nom de leur « vérité »..

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