Les marchés de matières premières sont ils pipés?

Vous avez été un certain nombre à me demander pourquoi je donne rarement un avis favorable à des investissements en matières premières, alors que les cours, par les mouvements de yoyo que nous leurs connaissons laissent entrevoir des gains substantiels. Parce que, à part au travers d’OPCVM gérées par de fins observateurs, il y a plus à perdre en terme de patrimoine qu’à gagner. C’est toute la différence qu’il y a entre gérer un patrimoine et faire de la spéculation. Dans un cas on arbitre sur le moyen ou long terme avec l’objectif d’en sortir gagnant, c’est à dire en augmentant sa richesse, de l’autre, dans un esprit plus proche de celui d’un joueur, on essaie de trouver « la grosse cote ». Les démarches ne sont pas les mêmes et non seulement je considère le marché des matières premières hautement spéculatif, mais j’ose dire qu’en plus, si on ne veut pas se faire plumer, il vaut mieux être « bien informé ».

En effet, le vent de folie qui s’est emparé du marché des matières premières depuis dix ans a vu aussi fleurir les tentatives de manipulations de cours, corners et autres squeeze.

Souvenez vous, 2005: après que l’ouragan Katrina a ravagé le Golfe du Mexique, le fonds spéculatif Amaranth et son génie du trading, Brian Hunter, parient plus de 5 milliards de dollars sur une pénurie de gaz naturel aux Etats-Unis. Le coup de poker tourne au vinaigre et, à l’été 2006, le fonds fait faillite: le bradage de ses positions fait plonger de 40% le prix du gaz américain en un mois. Les autorités condamneront Amaranth pour «manipulation» du marché.

Entre l’été 2008 et la fin 2010, ce sont HSBC et JPMorgan qui ont fait l’objet de plaintes pour tentative de manipulation du cours de l’argent, via l’accumulation d’énormes positions.

En juillet 2010, 16 industriels du cacao ont envoyé une lettre officielle et publique aux gérants du marché londonien des matières premières pour se plaindre du chaos provoqué par les traders de la firme Armajaro qui étaient allés jusqu’à prendre livraison de la totalité des stocks du marché londonien.

Le 20 juin dernier, c’est  Mark Allen, ancien responsable du commerce de la fibre de Glencore, qui attaque la maison Louis Dreyfus Commodities devant la justice américaine. Dans sa plainte, que le Financial Times a révélé lundi dernier 02 juillet, il accuse son ancien concurrent d’avoir «manipulé» les prix du coton en avril et en juin 2011, par le biais d’une filiale américaine, Term Commodities. En «exacerbant intentionnellement le manque de coton préexistant», celle-ci aurait amplifié volontairement les fluctuations de cours sur le marché américain. Elle serait également à l’origine d’une «divergence anormale, cinq fois plus importante que les records observés jusque-là» entre les cours des contrats à terme et ceux des cargaisons livrables immédiatement. Bien sûr, Serge Schoen, le directeur général de Louis Dreyfus BV, a indiqué hier à l’agence Bloomberg «contester cette plainte avec la plus grande vigueur», précisant que son groupe «présent sur cette activité depuis des décennies, connaît les règles et les respecte». N’empêche, Glencore s’est bien fait planté sur le marché du coton en 2010-2011 et pas sur des problèmes d’intempéries ou de révolutions.

Tout cela ne sent pas très bon. Bien sûr, tous les marchés ne sont pas en permanence faussés, mais comment le savoir? Et comment établir une stratégie? Alors, oui, sur certaines OPCVM ou sur certains marchés, à des moments précis. Mais pas comme élément permanence d’investissement ou de placement.

One thought on “Les marchés de matières premières sont ils pipés?

  • Bonjour,…

    On aimerait que les marchés soient « honnêtes », et pas seulement sur les matières premières!

    Pour nous aider a mieux percevoir les manipulations il est très intéressant d’avoir des avis comme le votre.
    Cela n’est hélas pas toujours suffisant, mais au moins cela existe.

    Merci TDK1

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