Le Portugal sur le chemin de la Grèce…

Nous vous donnions la semaine dernière rendez vous à aujourd’hui afin de voir comment se dénouait la crise grecque. Même si notre article a suscité de vives réactions chez ceux qui confondent toujours l’écume et le mouvement des vagues, il n’en demeure pas moins que nous étions malgré tout… un tantinet optimiste! La Commission de Bruxelles a fait remarquer que les termes de l’accord tels que présentés ne résolvaient rien de la crise car demeuraient impossibles à tenir. Ce que très exactement nous évoquions. Pourquoi Bruxelles s’en est mêlé? Parce qu’une aide européenne de 130 milliards doit être versée à la Grèce et que les Européens n’entendent pas, cette fois, jeter une telle somme dans un puits sans fonds avec aucune chance qu’elle ne serve à sauver le pays…  Mais pas seulement. Comme nous l’écrivions aussi, l’épée de Damoclès de la faillite de la Grèce qui déclencherait la cascade des CDS et provoquerait une réaction en chaîne des établissements financiers fait trembler tout l’édifice sur ses bases. Une décote « volontaire » de 60 à 70% de la dette privée, des intérêts ramenés à moins de 4% sont, comme nous l’écrivions, les conditions mises par Bruxelles pour entériner l’accord.
La question que nous posions et qui a suscité tant d’émoi (Pourquoi la Grèce n’a t elle pas intérêt à trouver un accord?) est plus que jamais d’actualité. Entre hier et aujourd’hui, ce ne sont pas moins de six hauts responsables internationaux qui sont intervenus. Le Président du Mexique qui appelle l’Europe à « sortir le bazooka », s’est fait l’écho, à Davos, du sentiment des chefs d’Etat du monde qui sentent que le système peut vaciller. Même Madame Lagarde y est allée de sa petite phrase, laissant entendre que « tous les acteurs » (y compris la BCE) devraient s’entendre pour débloquer la situation. C’est une des pierres d’achoppement. Si la BCE accepte une décote, son bilan ne tiendra pas. C’est tout le système Euro qui explose.
Mais voilà, alors que les acteurs privés de la négociation n’ont pas encore cédé à l’injonction européenne, que déjà se profile…. la contagion. Hier, nous avons connu une vraie panique sur les obligations portugaises. Envolée des taux d’intérêt (vous pouvez suivre l’évolution des taux d’intérêts des principaux pays emprunteurs ici), vente record de titres qui ont connu une décote de plus de 50%, envolée des CDS qui ont atteint le niveau record de 1265 points de base, intervention de la BCE qui achète, achète, achète… (excellent article sur la situation de la BCE)
Alors oui, le feuilleton continue et la fin de la saison « Grèce » va conditionner l’évolution du scénario. La décote à 60% accompagnée de nouvelles souscriptions de gré à gré à des taux faibles sauvera (peut être) la Grèce et (momentanément) la BCE, mais entraînera immédiatement l’exigence de mesures similaires au Portugal, en Irlande, et, plus grave, en Espagne, en Italie, et, pourquoi pas, en France. Aucun acteur financier n’y pourra résister. Un refus des acteurs privés de céder aux conditions de l’UE, et la Grèce est déclarée en faillite, déclenchant la réaction en chaîne des CDS. Le pire n’étant jamais sûr mais jamais impossible non plus, je vous laisse deviner les conséquences d’un refus total de la Grèce des conditions tant politiques que financières qui lui sont proposées.
Les tous prochains jours seront déterminants. Pour la Grèce, pour les institutions financières, pour l’Europe, pour les pays européens sur endettés et.. pour les candidats à certaines élections… (tiens, au fait les Eurobonds ont disparu du programme de Monsieur Hollande????)
La réunion d’hier est reportée à ce soir. Un sommet européen est prévu pour lundi. L’épilogue est pour bientôt.

2 comments

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.