La Grande Bretagne a terminé son assainissement…

Au moment où la situation française s’enlise, alors que les perspectives de croissance pour 2014 sont plates, tournons nous vers nos voisins…

Assurément, l’économie britannique repart.

Après trois années de quasi-stagnation avec même des trimestres en récession, David Cameron, contrairement à d’autres, semble en passe de gagner de son pari.

Ce sont aux deuxième et troisième trimestres de 2013 que l’économie s’est accélérée avec un rythme annuel de près de 3 %. Les prévisions, jugées pessimistes, pour 2014 sont de 2,4 % quand la France affiche 1 % ou l’Allemagne 1,6 %. Mais les statistiques ne sont rien par elles mêmes, même si l’Office for Budget Responsibility (OBR) est, folie dont un pays comme la France se garde bien avec son INSEE, est totalement indépendant du pouvoir politique. Les statistiques de croissance ne valent que recoupées avec les indicateurs de conjoncture. Et là, effectivement, la Grande Bretagne semble bien aligner les bonnes nouvelles : le chômage recule à 7,6 %, la consommation est solide et l’Etat va engranger un surcroît de recettes de 8,6 milliards de livres (11 milliards d’euros), presque exactement ce qui va, au contraire, manquer au gouvernement français par rapport à ses prévisions !

Une situation difficile après le passage des socialistes


Rappelons que lorsque David Cameron gagne les élections, en mai 2010, le déficit public atteint 10,9 % du PIB. Le Labour, fidèle à sa logique socialiste, avait investi des milliards pour « refonder » les services publics et, selon la doxa keynésienne, avait voulu « relancer » par un surcroît de dépenses publiques… Le nouveau Premier ministre, beaucoup plus pragmatique, décide de faire un demi-tour complet. Il coupe au contraire dans toutes les dépenses publiques sauf l’hôpital et l’éducation. Il sabre l’investissement public de 30 %, supprime 500 000 postes de fonctionnaires sur cinq ans et augmente la TVA.

Dans un premier temps, la cure fut amère. L’emploi, s’il s’est toujours maintenu, a connu une mutation vers plus de contrats précaires. Le déficit budgétaire, s’il s’est réduit de plus de 4% est encore de plus de 6% du PIB! Les entreprises, avant de réinvestir, ont apuré leurs comptes, décalant de plusieurs mois, voire d’une année, leur politique de relance. Mais ça y est, la machine repart, les recettes fiscales s’accroissent sans pressurisation, les exportations repartent. Le chiffre d’affaires des PME est a progressé de 7 % en 2013 et probablement, au vu des carnets de commande, de 12 % attendus en 2014. L’activité industrielle est au plus haut depuis 1995! Cette année, ce sont 1,3 million de voitures qui auront été produites en Grande Bretagne (+ 5,4 %), et le Royaume Uni compte bien dépasser la France en 2014 dans ce secteur!

Si, pour le gouvernement, la victoire est belle et bien là, elle n’en demeure pas moins fragile.

Les ménages ont retrouvé confiance et ont accepté de taper dans leurs économies ou dans le crédit (bon marché) pour assurer les dépenses ménagères. La consommation aura crû de 1,6 % en 2013. Le marché de l’immobilier, véritable baromètre de la situation des ménages est reparti avec une augmentation de 23% du nombre de transaction et une augmentation de 3.8% des prix (A comparer avec l’atonie du marché français…). Pourtant, le revenu moyen est encore en baisse cette année, ce qui semble indiqué que la reprise a d’abord touché les catégories moyen-supérieures et que les grandes couches basses de la population devront encore attendre avant de toucher, autrement que par l’emploi, les fruits de cette reprise.

Souhaitons que cette généralisation des bienfaits de la reprise se produise avant 18 mois, échéance des prochaines élections. Car un revirement de politique en plein décollage risquerait de planter la Grande Bretagne pour longtemps.

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