En quoi la réforme Fillon de la santé est bonne..

Fillon veut désétatiser le système de santéTous les attardés, ceux qui sont restés à 1945 et au mythe de la « sécu » crient après celui qui va sauvé la santé en France, malgré la Sécu…

François Fillon avance, sur la santé, des propositions encore mal comprises par les Français. Et c’est bien dommage, car le mouvement en avant qu’il propose constitue une vraie réforme équitable. Les quelques lignes qui suivent tentent de la rendre plus claire, en dehors des simplifications inquiétantes (car immobilistes) d’Alain Juppé qui explique de façon suicidaire (car c’est une promesse impossible à tenir dans les années futures) qu’il ne touchera pas aux taux de remboursement de la sécurité sociale.

Les cancéreux, grandes victimes de la sécurité sociale

Régulièrement, la presse se fait l’écho des scandaleux restes à charge en cas de cancer. En moyenne, une victime du cancer doit débourser de sa poche 750 euros par an pour être soignée. Ce seul fait prouve que notre sécurité sociale, élevée au pinacle par tant de bien-pensants, dont Alain Juppé lui-même, n’est qu’une forme très dégradée de protection sociale. S’il existe en effet des maladies où la médecine devrait être gratuite et généreuse, ce sont ces maladies longues et graves qui constituent le vrai risque santé en France. 

Pourtant, nous avons fait le choix inverse. La stratégie de remboursement des frais de santé en France consiste en effet à ne pas prioriser le risque. La sécurité sociale se sent obligée de rembourser n’importe quel soin, et de ne surtout pas sacrifier les soins « visibles » (les grippes, les bronchites, la presbytie, la visite chez le dentiste), parce que ce sont ceux qui rapportent le plus d’électeurs. Certes, les maladies « ordinaires » sont moins généreusement remboursées que les affections de longue durée. Mais la généralisation des complémentaires santé fait que, dans la pratique, un patient est mieux couvert lorsqu’il a la grippe que lorsqu’il a un cancer.

Notre absurde stratégie de dépense en santé

Pour mémoire, l’assurance maladie en France assume environ 250 milliards d’euros de dépenses annuelles, dont un petit 80 milliards pour les maladies graves.

Si la sécurité sociale constituait une protection sociale performante, elle allouerait à la prise en charge de ces maladies graves (le cancer, le SIDA, l’hépatite, le diabète, etc.) une somme d’au moins 100 milliards. Seule cette augmentation de dépense permettrait d’éviter tout reste à charge du patient.

Pour le coup, ce geste serait tout à fait mérité dans la mesure où le renoncement au soin pour ces maladies constitue une véritable prise de risque. Le sens de l’assurance maladie se situe là.

L’amélioration de la prise en charge du cancer est impossible en France du fait des arbitrages macro-économiques. Comme la sécurité sociale met absurdement (et pour des raisons électoralistes) dans la même enveloppe budgétaire les remboursements de maladies graves et ceux de maladies anecdotiques, il faut bien équilibrer les efforts. Pour que Madame Michu, qui se rend chaque semaine chez son médecin pour s’occuper et avoir une prescription, continue à être prise en charge à 70% par la sécurité sociale, on explique à la femme victime d’une mastectomie que la chirurgie réparatrice qui lui permettra de ne plus ressembler à une Amazone est à sa charge. Et ça coûte cher.

Au passage, on ne dit pas assez que la solidarité invoquée à tout bout de champ dans le domaine social fait toujours des victimes, et généralement ce sont les plus faibles. En l’espèce, on sacrifie volontiers la jeune maman frappée par le cancer pour s’occuper des plus âgés, généralement détenteurs d’un patrimoine, et très décomplexés sur la dépense en santé.

La question emblématique des lunettes

Dans cet inventaire à la Prévert de maladies, de médicaments et de dépenses en tous genres, la sécurité sociale fait très fort au nom d’un égalitarisme à trois francs six sous. Elle veut se mêler de tout, comme si toutes les maladies relevaient du même risque et de la même logique de remboursement, sans songer que ce sont chaque fois les maladies graves qui sont sacrifiées.

Les frais d’optique constituent sans doute l’exemple le plus emblématique de cette gabegie organisée au nom de l’égalité et de la fantasque universalité de la sécurité sociale. La sécurité sociale se sent obligée de rembourser toutes les lunettes et tous les verres prescrits par un ophtalmologue. Mais les montants de remboursements sont si ridicules qu’ils pourraient être supprimés sans qu’aucun assuré ne s’en aperçoive.

Au demeurant, le légitimité d’une intervention de la sécurité sociale dans les remboursements de lunettes est sujette à caution. La baisse de la vue est en effet un risque certain chez les humains. On n’est pas sûr d’avoir un cancer, mais on est toujours sûr de devenir presbyte. Alors pourquoi rembourser ce risque certain comme s’il était aléatoire?

En réalité, la prise en charge des lunettes relève de l’épargne et non de l’assurance.

Fillon propose une nouvelle logique du risque

Dans le projet de François Fillon tel qu’il est avancé aujourd’hui, l’idée sous-jacente est donc de revenir au sens original de l’assurance maladie: ne plus rembourser les risques certains, et concentrer les moyens sur les risques aléatoires. Laisser, au fond, chaque citoyen prendre ses responsabilités avec les petites maladies du quotidien comme la grippe ou la bronchite, la presbytie et même la rage de dents. En revanche, la collectivité pourra renforcer la prise en charge des maladies graves, chroniques, de longue durée, et retrouver des soins de très haute qualité pour ces profils à risque.

Entendons-nous sur ce que signifie « laisser chaque citoyen prendre ses responsabilités ». La France est dotée aujourd’hui d’un marché extrêmement mature de complémentaires santé. L’offre est pléthorique, concurrentielle, efficace. Pour les frais d’optique, pour les prothèses dentaires, il est acquis que l’externalisation du risque auprès de ces acteurs complémentaires permettra à la fois de diminuer les coûts et d’améliorer la qualité des soins.

En particulier, la bonne maîtrise des données de santé et le recours systématique à des réseaux de soins constitue une évolution importante dans la révolution sanitaire que nous pouvons engager, dans la mesure où elle permet de salarier les médecins qui le veulent et de garantir les meilleurs prix aux assurés et aux patients.

Combien ça coûte?

La question que se posent les Français, bien entendu, est de savoir si ce système rendrait la santé plus chère ou non.

Contrairement aux préjugés largement répandus, la réforme de François Fillon permettra de diminuer le coût de la santé pour les particuliers. En effet, ils troqueront des dépenses mal gérées par la sécurité sociale et les hôpitaux publics, contre une dépense soumise à la concurrence du marché et donc mieux gérée par des acteurs qui risqueront de perdre leur portefeuille en cas d’insatisfaction de l’assuré.

Pour arriver à ce système, l’assurance maladie perdra une partie de son périmètre d’intervention et pourra donc sensiblement baisser ses cotisations (ce qui libérera de la compétitivité pour les entreprises). Ces sommes libérées ne seront que partiellement compensées par la hausse des tarifs des complémentaires santé. L’assuré sera donc finalement gagnant.

La question de la sélection du risque

Certains ne manqueront pas d’opposer à ce raisonnement imparable la manie des assureurs de sélectionner le risque. Les prix baisseront, diront-ils, pour les jeunes en bonne santé, et augmenteront pour les vieux malades.

Ce point doit être traité sur le fond, car il est aujourd’hui perverti par l’égalitarisme apparent de la sécurité sociale, qui matraque les jeunes avec des cotisations élevées pour mal prendre en charge les plus âgés (on ne compte pas ici le nombre d’anecdotes sur les seniors qui passent des heures sur un brancard dans les couloirs des hôpitaux sans voir un médecin).

En réalité, la France n’a pas encore assumé la révolution du 4è âge qui devrait résoudre un grand nombre de ses problèmes. Le coût de la santé pour les seniors est en effet très lié aux derniers mois de vie, et même aux dernières semaines. Le moment vient sans doute de régler ce sujet en prévoyant d’autres modes de financement des soins pour ces sujets spécifiques, spécialement en faisant jouer les actifs successoraux.

Ces choix techniques indispensables permettront de rétablir une parfaite équité dans le système de santé proposé par François Fillon.

2 comments

  • … il est beau, hein, le gateau de la sécu? il vous tente…

    Ah, vous pensez qu’il ne marche pas … il ne rembourse pas assez les maladies « catastrophiques » parce que les grippes sont trop bien soignées…

    Donc vous voulez arrêter de soigner ces « petites » maladies » pour privilégier les soins lourds, et du coup laisser ce business au secteur privé… il est juteux n’est-ce pas. C’est exactement la demarche de la sous traitance. On isole des pan entier de l’activité qu’on confie a d’autres acteurs. Ceux ci se deresponsabilisent et leurs marges s’ajoutent (et ne se retranche pas) que doivent regler ce cochon de payant..

    Oui, mais voila, la secu n’est pas une entreprise qui defiscalise ses propres charges. La secu est un ecosysteme complet, qui a besoin de maitriser d’un bout a l’autre son activite et son metier pour que toute la chaine de soin soit efficace et profite des synergies.

    Vous trouvez que cela ne marche pas. Parfait, aidez a renforcer la secu plutot que de vouloir la dépecer. Ce n’est pas ringard du tout, au contraire c’est tres moderne un systeme solidaire, un systeme où tous coopèrent selon ses moyens et profitent de tout quand il en a besoin. Une assurance en fait!

    alors oui, je comprends bien votre soucis. le systeme dit « libre » – entendez par la « prédateurs » – ne se satisfait plus de sa gourmandise, le gateau effectivement est appetissant.

    On ne se connait pas, voyagez un peu dans le monde, allez voir en Australie, dans tous les pays d’Amerique du Sud, d’Amerique du Nord, voyagez en Europe…. et regardez bien : 1 milliard de personnes ont du mal a se soigner et crèvent parce qu’ils n’ont pas eu les soins a temps, les medicaments necessaires et le suivi prophylactique adapté! ils n’ont pas la contrainte de la secu, eux, ils ont juste la chance d’avoir le systeme que vous préconisez.

    La secu en France est trop chère ??? elle ne rembourse pas assez les lunettes, les dents et je ne sais quoi d’autre… bien agisssons, faisons payer PLUS pour la santé des citoyens français en augmentant les cotisations des acteurs economiques, en exigeants des conditions de production, de vente et de tarif sur tout ce qui sert au soin.

    L’economie de la santé est le seul systeme economique qui merite d’être deconnecté du systeme marchand.
    ça vous fait mal, cette position. Vous avez des enfants, pensez a eux, lorsqu’il devrons vendre leur maison pour se faire soigner, comme cela se passe ici, par exemple, dans un pays bien sous tout rapport et je reside actuellement, où la santé est privée : le smic est a 500 euros et une visite chez le medecin coute 40 euros…. un scanner 1400 euros et une boite d’Atorvastatine coute 70 euros. moins de 10% de la population se soigne -parce qu’ils sont assurés par des multinationales etrangères- et ils sont heureux de constater que les chaines de pharmacies, de cliniques sont cotées en bourse.

    Avec tout le pedigré que vous affichez plus haut, il est difficile de comprendre que vous utilisiez vos activité pour detruire la secu. Vous devriez au contraire tenter d’ameliorer le recouvrement des entrées, negocier aupres des acteurs de soins des conditions préférentielles… améliorer les couts de gestions etc…. sinon, detruire le secteur qui vous nourrit, c’est du parasitisme ou de la traitrise…. de bien grand mots n’est-ce pas pour celui qui scie la branche… au nom de l’innovation sociale, c’est bien cela?

    Attendez d’avoir plus de 45 ans… dans 10 ou quinze ans vous verrez ce que coutent les « petits » soins… mais votre position vous permettra de les payer, hein, vous n’aurez plus (n’avez pas) de loyer et votre retraite vous permettra de vous promener partout dans le monde ou bien buller dans votre villa en Provence.

  • On ne peut pas manger sans dents. On ne peut pas y voir sans de bons yeux. On ne peut pas entendre sans une bonne ouïe.Pour ceux qui n’ont pas les moyens, impossible de vivre décemment dans ces conditions. Pourquoi ne pas faire payer aux jeunes comme aux personnes âgées afin de faire un équilibre, car le temps viendra où ces jeunes seront âgés également….

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