Crise des subprimes, la mise en accusation des banques commence

La crise des subprimes (cliquer ici pour ceux qui n’ont pas suivi ses ressorts et son mécanisme) n’en fini pas de rebondir.

Il est un fait que beaucoup d’observateurs avaient relevé, c’est que les banques, directement responsables de la crise par leur mensonge sur la qualité des produits dérivés qu’elles commercialisaient (lire ici l’article des Nouvelles de France) n’avaient encore jamais vu leur responsabilité engagée.

Et bien, c’est fait, cela commence. Les autorités américaines ont porté plainte, hier, contre la banque allemande Deutsche Bank, pour « négligence » dans l’allocation de prêts immobiliers.

L’accusation vise un dédommagement pour les pertes liées à l’assurance fédérale de ces contrats de prêts. Les autres banques ne seraient pas poursuivies, mais le procureur du district sud de New York, Preet Bharara prévient : « ce ne serait pas autrement déraisonnable de penser que nous examinons d’autres établissements financiers également ».

Les dommages et intérêts seraient estimés à environ 1 milliard de dollars.

Alors, bien sûr, ce n’est pas tout à fait la même procédure. Vous aurez constaté tout d’abord que la seule banque incriminée est européenne. Que ceux qui nous rebattent les oreilles avec le libéralisme économique et le grand marché nord atlantique en prennent leçon! Ensuite, l’objet de la procédure n’est pas tout à fait d’avoir menti sur la nature des produits dérivés commercialisés, mais d’avoir menti sur la qualité des emprunteurs auxquels les crédits étaient accordés!

Angle d’attaque extrêmement dangereux pour l’Etat Fédéral. En effet, si les banques ont accordé tant de prêts à des familles non solvables, c’est uniquement pour se conformer 1) à la volonté politique de Bill Clinton qui voulait que tous les Américains deviennent propriétaires 2) aux lois de discrimination positive du même Bill Clinton qui exposaient les banques à des amendes si les contrôleurs fédéraux constataient une disproportion trop importante entre la répartition « ethnique » (raciale) des prêts accordés et la structure de la population sur la zone de chalandise. Ce que Patrick Artus (Natixis) a résumé par son célèbre: « Le départ des subprimes, c’est le Community Reinvestment Act : c’est l’administration démocrate qui dit qu’il n’est pas normal que 70% des Blancs soient propriétaires de leur maison et seulement 45% des Noirs, donc on va forcer les banques à prêter aux Noirs. »

Que va-t-il se passer si la Deutsche Bank et les autres éventuels co-accusés choisissent cet argument de défense? Une pierre de plus dans le jardin démocrate en période électorale, un tremplin aux Républicains pour dédouaner Bush de la crise des subprimes… Pas sûr que le procureur du district sud de New York, pourtant démocrate, ait fait un super cadeau au locataire de la Maison Blanche!

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.